Passer au contenu

Martin Vial (La Poste) : ”  La Poste se positionne à un carrefour stratégique “

L’entreprise publique, qui emploie 300 000 salariés, s’affirme aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs de l’e-business. Martin Vial1, son président, répond à nos questions.


Internet professionnel : Les nouvelles technologies constituent-elles un risque pour La Poste ?
Martin Vial : Au contraire, nos métiers traditionnels sont les premiers à en profiter, à l’image des services comme la ” lettre suivie ” (suivi d’un courrier sur le Net), Lapostefinance.fr (gestion de CCP) ou @laposte.net (l’adresse internet pour tous). Nous sommes conscients qu’il va y avoir des phénomènes de substitution. Le courrier physique des entreprises représente ainsi 90 % de notre trafic. Eh bien, nous estimons que 40 % des envois des grands facturiers s’effectueront de façon électronique d’ici à dix ans. Il nous faut donc remonter dans la chaîne pour proposer davantage de services, de traitement des fichiers, d’archivage ou de gestion des bases de données, à travers des offres telles que Seres, Edipost, Post@xpress, Mailev@ ou encore celles de notre filiale MediaPost. Nous pensons aussi que le courrier commercial, lié à la publicité adressée, va considérablement augmenter. Nous bénéficions en outre d’une forte expérience en matière d’échange de données sécurisées avec Certinomis (certificat électronique) et avec PosteCS.Quel rôle La Poste doit-elle jouer dans l’e-commerce ? Un rôle majeur ! De par ses différents métiers (marketing direct (2), logistique, paiement sécurisé, etc.), La Poste se positionne à un carrefour stratégique, tant pour le B-to-C que pour le B-to-B. Pour les PME, par exemple, nous disposons des compétences de notre filiale Esipost. Pour la logistique, nous pouvons aussi nous appuyer sur notre réseau européen dans le domaine du colis. En outre, non seulement internet constitue un nouveau canal de vente, mais il constitue aussi une nouvelle interface de relation avec nos clients, dans le marketing direct notamment.Quels projets intéressent votre nouvelle société de capital-risque ? Cette société, dans laquelle interviennent des grands partenaires financiers et des entreprises de capital-risque, est en cours d’étude. Elle est destinée à financer nos projets internet. Comme tout le monde, nous serons très sélectifs sur nos investissements futurs et plus regardants sur le court terme. Une attitude forcément liée au phénomène de crise que nous traversons, d’autant plus important dans la Net-économie qu’il survient après une forte période de spéculation. Et beaucoup d’acteurs de la nouvelle économie ont oublié, dans l’euphorie, certaines règles économiques de base, comme s’appuyer sur la rentabilité.L’un de vos concurrents s’est déjà rebaptisé Deutsche Post World Net. Pensez-vous avoir pris du retard par rapport à d’autres européens ? Non ! Certes, les Allemands enregistrent un trafic considérable sur le Net, mais ils disposent de portails plus généralistes. Pour notre part, fin août, notre portail affichait plus de 100 millions de pages vues. Les Néerlandais sont, de leur côté, très engagés dans l’e-commerce. Mais, en fait, c’est la poste canadienne qui est certainement, avec nous, l’une des plus volontariste en la matière.Et votre projet de FAI ? Une réflexion est engagée. Il est clair que, pour le service public, l’e-mail ne constitue pas une prestation rentable. Il faut remonter dans la chaîne de valeur pour trouver de la rentabilité. Et lorsque la boucle locale sera vraiment dégroupée, le modèle économique deviendra plus intéressant pour les FAI.On vous prête également des ambitions en matière de services de Bourse en ligne. Nous lançons ce service pour des opérations de consultation dans les prochaines semaines. Rien n’est prévu pour un service de courtage. Nous souhaitons mieux servir nos 28 millions de clients bancaires. Nous avancerons de façon très méthodique.Quelle est votre contribution au sein du comité CSTI (3) ? Ce comité est encore jeune et je ne suis qu’un membre parmi d’autres. Mais au-delà du CSTI, je crois qu’il faut favoriser ce qui constitue les éléments majeurs de la deuxième révolution internet : les hauts débits et l’usage de l’image animée. Mais il faudra pour cela décupler la capacité des ” tuyaux ” afin d’améliorer la convivialité et ainsi favoriser la création d’entreprises dans ces secteurs. S’agissant de la formation, sur laquelle le CSTI travaille aussi, nous avons, pour notre part, un projet européen de formation de cadres supérieurs en e-learning.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Frédéric Simottel