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Martin Reynolds, Vice-président de Gartner Dataquest(*) : ” Le prix du PC doit baisser pour maintenir la croissance ” Eric Ochs, Directeur général d’IDC France: “

En 2008, le PC pourra disposer d’un microprocesseur de 20 GHz. Pour quoi faire ?Martin Reynolds : C’est à l’industrie de le trouver. De nouvelles applications…

En 2008, le PC pourra disposer d’un microprocesseur de 20 GHz. Pour quoi faire ?Martin Reynolds : C’est à l’industrie de le trouver. De nouvelles applications vont voir le jour, en matière de gestion des données, de visualisation, voire même dans le domaine de la programmation. Par exemple, l’ordinateur pourrait être capable de reconnaître chacune des images numériques contenues dans un fichier, d’identifier les personnes ou les scènes évoquées sur ces clichés. La programmation représente aussi une opportunité intéressante. Cette activité, encore très contraignante, demande plus d’efforts au cerveau humain qu’à celui de la machine. Des avancées pourraient être réalisées dans ce domaine.Eric Ochs : Cela permettra d’accéder à de nouvelles applications, davantage de puissance et à des environnements multimédias encore plus sophistiqués. On parle beaucoup de la reconnaissance vocale, mais les ingénieurs butent encore sur des problèmes de sémantique. Cela ne fonctionne que dans des cadres définis. Ce n’est pas fiable à 100 %. Le marché ne sait déjà plus quoi faire de cette puissance. La télévision ne se regarde pas sur un PC, celui-ci n’est toujours pas synchronisé avec les appareils électroménagers. Depuis dix à quinze ans, il n’y a pas eu de révolution fondamentale dans l’usage du micro-ordinateur. L’intelligence se trouve plutôt sur le réseau. Or, la puissance doit-elle se trouver au niveau du poste de travail ou sur le réseau ? Le vrai débat est là.Considérez-vous que le Minitel constitue, encore aujourd’hui, un obstacle important à la pénétration de PC dans les foyers français. À cet égard, que pensez-vous de l’attitude des pouvoirs publics et des opérateurs, en particulier France Telecom ?Martin Reynolds : En ce qui concerne le Minitel, certainement pas. Il reste un service très utile, mais désormais en retrait significatif par rapport à un micro-ordinateur doté d’une connexion internet. L’ADSL va encore creuser cette différence. Tous les services disponibles sur Minitel le sont aujourd’hui sur le net. Le gouvernement français a montré clairement qu’il souhaitait accroître la pénétration de l’outil informatique dans les foyers français. Les avantages fiscaux accordés dans le cadre des programmes d’équipement des salariés [loi de finances 2001 dite amendement Messier, ndlr] le montrent clairement. Quant à France Telecom, l’opérateur est, certes, lent dans le déploiement d’une infrastructure d’accès à haut débit, mais pas davantage que ses homologues dans le reste de l’Europe.Eric Ochs : Non, ce n’est plus un débat. Mais la génération des 50/60 ans ne viendra pas à la micro à l’exception peut-être des CSP + (ingénieurs, professions libérales…). Il y a des freins énormes. Ceux qui n’utilisaient pas le Minitel n’iront pas chercher leur information sur un PC. France Telecom est en partie responsable de cette situation, y compris sur les couches moyennes. La pénétration de l’outil informatique dans les foyers aurait été beaucoup plus importante si le marché avait bénéficié d’une généralisation du haut débit. Les usages s’en trouvent décuplés, notamment pour les personnes isolées ou les utilisateurs mobiles. L’idée de France Telecom est de gagner du temps afin de s’organiser pour pouvoir capter la plus grosse part du gâteau, le moment venu.Le PC est-il trop cher ?Martin Reynolds : Le prix doit baisser davantage encore afin d’accélérer la pénétration du PC dans d’autres marchés. Cela est inévitable si l’on veut maintenir la croissance.Eric Ochs : C’est clair. Le PC est 50 % trop cher par rapport à l’usage qu’on en fait. Pour envisager sa généralisation, il faudrait que le prix soit au niveau d’un lecteur DVD. Mais s’il reste supérieur à 610 euros (4 000 francs), il n’a aucune chance. Or, depuis 2 ans, les prix sont restés à peu près stables, autour de 1 500 euros. Sur le marché français, de nouvelles offres tarifaires, très agressives, devraient voir le jour à la rentrée. La grande distribution tente désormais de s’organiser pour obtenir des tarifs intéressants auprès des fabricants. Le prix reste le premier facteur dissuasif au moment de l’acquisition, car ensuite, il faut aussi penser aux périphériques.La généralisation de l’outil informatique ne va-t-elle pas accentuer encore la fracture numérique ?Martin Reynolds : Les ordinateurs disposent d’une technologie sophistiquée à même de fournir à quiconque des occasions bien plus nombreuses. La capacité à réussir grâce à un ordinateur est en grande partie indépendante de l’environnement. Les ordinateurs peuvent permettent de franchir de telles barrières.Eric Ochs : Si l’ordinateur se limite à répondre aux usages actuels (extension du monde professionnel chez soi, échanges de courriers électroniques, communication…), probablement pas. En revanche, si la machine permet de développer les usages éducatifs, certainement. Quoi qu’il en soit, cette fracture risque de se creuser dans les deux cas car l’accession au savoir est importante pour la formation des élites. L’ordinateur permet d’éduquer à des coûts qui sont inférieurs aux structures conventionnelles. Le problème est de deux ordres : la plateforme et l’accès au réseau. Avec internet, on donne un peu plus de chance à tout le monde. Mais si l’intelligence reste dans la machine au lieu d’être disponible sur le réseau ou dans des serveurs, les prix des équipements devront baisser de façon très significative.(*) Martin Reynolds est également l’auteur du rapport ” Un Milliard de PC livrés “.

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Gilles Musi