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Marie-Christine Courault, directeur de programme Easy chez Dassault Aviation : ” Prétendre faire voler des avions civils sans pilote n’est pas raisonnable “

Lors du premier vol d’un Falcon équipé du cockpit Easy, un ensemble quelque peu futuriste censé révolutionner le pilotage, Dassault Aviation a notamment souligné que seules…

Lors du premier vol d’un Falcon équipé du cockpit Easy, un ensemble quelque peu futuriste censé révolutionner le pilotage, Dassault Aviation a notamment souligné que seules les technologies embarquées pourront encore faire baisser le taux d’accidents aériens.Quelle est la philosophie de cette évolution ?Dassault Aviation s’appuie sur de nombreuses études statistiques pour affirmer qu’à ce jour, près de deux accidents aériens sur trois sont d’origine humaine. Tout en considérant que le pilote reste un élément essentiel pour la sécurité du vol, notre société considère que les moyens de gestion mis à sa disposition ne sont pas optimisés en terme de sécurité. Les informations livrées au pilote sont de plus en plus nombreuses. Il ne s’agit pas d’éliminer ces données, dans la mesure où elles sont nécessaires, mais de revoir leur mode de présentation et d’interaction avec l’équipage. De manière à permettre aux pilotes de garder un contrôle parfait sur son environnement pendant toutes les phases de vol et quelles que soient les conditions extérieures de pilotage.Plus précisément?Le cockpit Easy, entièrement digital, a été conçu de manière à satisfaire les cinq critères majeurs de sécurité: une interface homme-machine intuitive, une meilleure coordination de l’équipage, l’amélioration de la perception critique de son environnement, la réduction de la charge de travail du pilote et, enfin, le maintien de ce dernier dans la boucle(1). Parallèlement à la mise en place de ce cockpit, Dassault Aviation, en coopération avec [les autorités ad hoc], développe des voies d’amélioration de formation des pilotes, en harmonie avec la philosophie d’Easy.Dassault élabore des engins sans pilote à vocation militaire. De tels appareils auraient-ils un sens en termes de sécurité et en termes économiques dans l’aviation civile ?Les engins volants, ou drones, sont développés à des fins militaires de surveillance ou d’attaque. Si l’on considère que les règles d’insertion dans un trafic aérien (pour les drones de long rayon d’action) restent une question ouverte, il est difficile d’extrapoler en prétendant que les avions peuvent voler aujourd’hui en toute sécurité sans pilote. Et imaginer qu’à court ou moyen terme des hommes d’affaires pourraient voler dans des Falcon sans pilote ne nous semble pas raisonnable.Quand le Cockpit Easy doit-il passer devant les autorités de certification?La JAA [Joint Aviation Authorities] et la FAA [Federal Aviation Administration] ont été impliquées très tôt dans le programme Easy. Étant particulièrement soucieux de l’amélioration de la sécurité du vol, il nous a paru nécessaire d’impliquer les pilotes des services officiels en tant qu’experts dans ce domaine, dès la phase de “démonstration de concept”, qui s’est déroulée en amont de la phase de “développement et certification”, du dernier trimestre 1999 à la mi-2000. Pendant cette période, et en nous appuyant sur des démonstrations sur simulateur au sol et sur banc volant, nous avons pu préciser et conforter avec leur aide les concepts majeurs innovants d’Easy: l’utilisation d’un Cursol Control Device (l’équivalent d’une souris de PC) en interface avec les écrans, la mise en place du pilotage en trajectoire(2) comme mode de base, la gestion graphique du Flight Management, la superposition des informations radar/terrain, la gestion graphique des radios et la gestion des “fenêtres” sur écran. Depuis nous avons eu de nombreuses réunions et évaluations sur simulateur avec les autorités afin de leur permettre de suivre au jour le jour l’avancement de ce programme. De même, ces dernières participeront aux vols de développement, en avance de la phase d’essais en vol de certification proprement dite, qui débutera, elle, à l’automne 2002.(1) Le Flight Management System ne prendra pas en compte des instructions sans confirmation. L’objectif est ” la parfaite connaissance ” du pilote de ce qu’il a fait.(2) La mise en place du pilotage en trajectoire signifie que le pilote est informé de la trajectoire de l’avion et non de l’attitude de l’avion par rapport à la trajectoire.

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Philippe Bonnet