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Marchés publics, technos antiques

Additionnez ” administration “, ” code des marchés publics ” et ” long projet “. Vous obtiendrez une lourdeur qui rend difficile l’acquisition de technologies récentes.

Ah (soupir), chanceuses entreprises privées… Certes, elles doivent subir de nombreux périls dont n’ont pas idée leurs homologues publiques. Mais elles n’ont pas dans leur batterie de contraintes légales cette petite hérésie nommée ” code des marchés publics “. Une épine dans le pied de l’Etat lui-même, de ses établissements publics n’ayant pas de caractère industriel et commercial, les collectivités territoriales et les établissements publics. Selon un principe d’équité très respectable, il est impossible de modifier un cahier des charges après attribution.Application pratique dans cette grande ” structure publique ” bien connue de nos concitoyens. Fiche d’identité (très édulcorée) : des dizaines de milliers de personnes et, surtout, un projet prometteur de gestion des connaissances qui s’étale sur plusieurs années. Nous sommes au milieu des années 90. La rédaction du cahier des charges détaille consciencieusement serveurs, architecture technique, interface graphique, système de sécurisation… bref, tout ce qui peut donner santé, bonheur et longévité à un futur système estimé à plusieurs dizaines de millions de francs.Mais, de longs mois plus tard, Internet a tout saccagé. Il est passé par là sans trop prévenir. L’architecture client-serveur n’est plus à la mode ; les utilisateurs, accros depuis longtemps à la Toile, rechignent à utiliser une interface lourde et périmée ; et quand arrive le déploiement, serveurs et autres détails techniques imposés par le cahier des charges ne sont plus au catalogue des fournisseurs. Sans compter une offre logicielle qui n’a plus rien à voir aujourd’hui avec ce qu’elle était il y a cinq ans.En somme, tout serait à refaire ou presque. Mais (rappel), impossible de revenir sur un cahier des charges, sauf à exhumer vice de forme, irrégularité, désistement de dernière minute du prestataire vainqueur, etc.Ah (re-soupir), pas de chance… Il serait tellement plus pratique de choisir son fournisseur à sa bonne tête. Il serait tellement plus rapide de pouvoir le répudier pour non-versement de pots-de-vin. Il serait tellement moins coûteux ?” et aussi un peu jubilatoire ?” de remettre plusieurs fois en concurrence ces grands du conseil ou ces fabricants pleins de morgue. Impossible. Tant mieux. La seule solution pour nos administrations soumises à de longs projets, c’est de morceler leurs appels doffres, prévoir les virages technologiques et pallier la lourdeur du code par une gracieuse agilité. Ou alors se satisfaire de systèmes perpétuellement antiques.Prochaine chronique lundi 12 mars.

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Philippe Billard