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Mangoosta dépose le bilan… et se recentre sur le professionnel

L’opérateur alternatif à France Télécom dans le domaine de l’ADSL est en dépôt de bilan. Allégé pour un temps de ses dettes, il compte néanmoins poursuivre ses activités en se focalisant sur le marché des entreprises.

On efface tout et on recommence. En ce jeudi 5 juillet, les fondateurs de Mangoosta sont repassés par la case départ, le tribunal de commerce. Non pour déposer les statuts d’une nouvelle start-up à l’avenir prometteur, mais pour déposer le bilan d’une start-down au passif de plus de 35 millions de francs (5,33 millions d’euros).L’échec rencontré par Mangoosta sur le créneau grand public ne signifie cependant pas la fin de l’activité. L’expérience acquise dans la gestion de l’offre ADSL leur a permis de convaincre le tribunal qu’un plan de relance ciblant les PME pourrait amener la start-up à la rentabilité à la mi-2002.Paradoxalement, c’est au moment où Mangoosta dépose son bilan que la situation paraît enfin favorable aux opérateurs ADSL alternatifs. D’une part, France Télécom a enfin diminué ses tarifs d’interconnexion ADSL rendant profitables des abonnements qui, jusqu’à présent, étaient commercialisés à perte. D’autre part, l’expérience aidant, Mangoosta est en mesure d’accroître significativement ses marges de telle manière à pouvoir affirmer ” ne plus rien vendre à perte “.Ce dépôt de bilan est également marqué par le départ de Marie-Eve Shauber, remplacée dans ses fonctions de PDG par Roland Tricot, issu de l’équipe de Nicom, la structure d’investissement qui détient 68 % du capital. Marie-Eve Shauber explique que son départ était prévu de longue date, puisqu’elle n’est entrée dans ce projet que pour le lancer.

Investisseurs paralysés malgré un bilan prometteur

Dans le contexte de l’e-Krach, Mangoosta n’est pas parvenu à emporter la décision face aux investisseurs. Cherchant un peu plus de 520 millions de francs (80 millions d’euros) pour financer le plan initial de déploiement du réseau en France, Mangoosta a revu son plan de financement à la baisse jusqu’à un plancher de 65 millions de francs (10 millions d’euros).Cette dernière option n’était pas très séduisante pour les investisseurs ” compte tenu du montant du passif “, explique Marie-Eve Shauber.Sur le papier, et dans un autre contexte, Mangoosta avait tous les atouts pour séduire : le parc d’abonnés a atteint 6 000 foyers, tandis que le chiffre d’affaires mensuel approche les 2 millions de francs.
Mangoosta occupe la troisième position sur le marché du haut débit grand public derrière Wanadoo et Noos, bref, parmi les nouveaux entrants Mangoosta est celui qui a le mieux réussi.Ces chiffres ne cachent cependant pas l’échec du pari industriel : atteindre un volume suffisant d’abonnés très rapidement pour convaincre les investisseurs de miser sur le déploiement d’une infrastructure propriétaire. Coût estimé de l’opération pour installer 600 répartiteurs en France et couvrir les 6 premières agglomérations : 500 millions de francs.Un tel investissement ne peut être réalisé sans avoir la certitude qu’il ne rencontrera pas d’obstacle technique ou politique de la part de France Télécom qui détient l’infrastructure.

La faute à France Télécom ?

Pour Pierre Goubet, responsable des relations extérieures (donc avec France Télécom et l’ART), le comportement et les tarifs de l’opérateur historique ont nettement refroidi l’ardeur des investisseurs potentiels. Sans être clairement affirmatif sur la responsabilité de France Télécom dans l’échec de Mangoosta, Pierre Goubet reconnaît que si les tarifs et les conditions de France Télécom avaient été plus favorables, Mangoosta n’aurait pas été jusqu’au dépôt de bilan.Le nouveau projet de Mangoosta sera concurrent de Wanadoo Pro, qui commercialise des services d’accès et d’hégergement auprès des PME. Sur ce terrain, les marges sont plus importantes et Mangoosta compte afficher un résultat d’exploitation proche de l’équilibre d’ici quelques mois.En attendant l’équilibre, Alain Nicolazzi, le financier de l’opération qui souhaite rester dans l’ombre, effacera les ardoises éventuelles pour maintenir à flot l’activité.Une condition qu’il faudra à tout prix remplir pour convaincre l’administrateur judiciaire d’accepter la poursuite de l’activité au-delà de la période d’observation de quatre mois. Le nouveau PDG se montre confiant, lui qui a par le passé eu l’occasion de participer à de nombreuses opérations de restructuration pour le compte de General Electric. ” Ce nouveau modèle devrait faire revenir les investisseurs, il n’est pas exclu que nous puissions faire un tour de table dici quelques mois “, affirme-t-il.

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David Prud'homme