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Maili Mailo

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

L’atmosphère devient irrespirable, vous ne trouvez pas ? Je ne parle pas de pollution, puisque comme tout citadin qui se respecte, tout en pestant contre CO2 et consorts, je déteste le bon air de la mer qui me décoiffe, celui de la campagne qui sent le fumier, et celui de la montagne qui me donne des vertiges… Je ne quitterai jamais notre chère fourmilière polluée de Paris, capitale de la souris informatique et du rat d’égout, de la secte Net et de l’insecte rampant… Ce sont nos clones, grouillant dans nos bureaux new look, animaux indestructibles dont l’opportunisme servile oxygène le formidable instinct de survie ! Excusez-moi, parler collègues et boulot me rend lyrique… Donc, que respire-je si mal ? Ni l’air des rues, ni le souffle mentholé de mes impeccables compagnons d’i-bureau, mais l’haleine de fauve de notre boss, Roland. Depuis quelque temps, il sent le flic à vingt mètres, section grand banditisme. Oui, il nous traite tous comme des ennemis publics numéro 1, des Oussama en puissance ! Sa névrose sécuritaire, dont les premiers prurits datent du 11 septembre, dégénère en psychose guerrière contre l’ennemi de l’intérieur. En stratège timbré, il fait maintenant surveiller notre courrier électronique, comme si on allait lui envoyer des e-mails piégés à l’anthrax… Quelle mouche venimeuse a piqué notre lion du net ? J’étais tranquillement affalé sur mon clavier à ronfler sur le 2e chapitre de son autobiographie, qu’il m’a chargé de rédiger, quand le voilà soudain, “irruptant” dans mon bureau et éructant comme un damné ! “Tu n’as pas honte ? Des e-mails de ce genre, c’est de la haute trahison ! Alors tu passes à la compta, tu prends ton chèque, et tu te barres !” Il jette un papier sur mon bureau, et sort en claquant la porte. Bon, si je veux payer les traites de mon duplex dans le Marais et éviter de chercher un nouveau job en costard de chez Tati, il va falloir que je secoue les puces de ma carte mère ! Lisons d’abord ce fichu papier. C’est un e-mail adressé à une dénommée Lara, inconnue dans nos bataillons : “Si tu savais à quel point je me fais ch… dans cette boîte de me… ! Mes collègues sont tous des nuls, ce qui lasse, mais devrait aider à me faire passer auprès du boss pour un borgne au royaume des aveugles. Pourtant, figure-toi que ce vieux c… préfère régner sur des ringards pour se sentir lui-même moins has been, etc.” Et c’est signé de… mon nom ! ?” désespoir, ô surprise infinie. Je n’ai jamais envoyé cet e-mail ! Quelqu’un a dû se servir de mon ordinateur en mon absence, le sien étant HS. Mais comme ici, même les femmes de ménage disposent d’un Macintosh, et que ces engins ne sont jamais tombés en panne, je prouverai qu’il s’agit de l’acte malintentionné d’un monstre acharné à ma perte ! Voyons… Quelqu’un d’assez haut placé pour savoir que les e-mails sont surveillés. Charlotte, la directrice générale, qui me déteste de toute son absence de c?”ur ? Non, elle est à New York. Alors… Roland lui-même ? Si je le prouve, il aura une raison de plus de me virer. Que faire ? Accuser mon vieil ennemi Romont (directeur des activités stratégiques) ? Non, il est trop bête pour ça. Et donc trop bête pour se défendre, ce qui mouvre des perspectives…

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La rédaction