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Madame Fiorina trinque, les salariés paient

C’est en trinquant au champagne que Madame Fiorina, patronne de HP, annonçait à la fois l’achat de Compaq et, dans la foulée, sans précautions oratoires, la suppression supplémentaire de quinze mille emplois.

Ce chiffre double les suppressions déjà prévues pour l’ensemble des deux groupes (qui comptent 158 000 personnes). Jamais, jusqu’à présent, n’avaient été annoncées avec autant de désinvolture, lors d’un rachat, les conséquences humaines.La patronne de HP avait la réputation d’avoir une main de fer dans un gant de fer. Cette fois, elle ne prend même plus de gants. A telle enseigne qu’elle ne s’était même pas préoccupée d’informer directement ses salariés de l’opération.Tous, management y compris, ont été logés à la même enseigne. En France, ils ont appris la nouvelle par la presse, Internet ou par des appels téléphoniques de relations. Décidément, à côté des actionnaires et des analystes, les salariés ne comptent pas pour grand-chose ! Et c’est ce qui peut inquiéter !Madame Fiorina est-elle un cas à part ou révélateur d’un univers qui se durcit face à une économie en crise ? On expliquera que, pour rassurer les actionnaires, lorsque le marché ralentit, on est bien obligé de diminuer les coûts, et donc les salaires. Alors, autant frapper dur et fort ! Mais est-ce le bon calcul ?Car de telles décisions peuvent avoir des effets contraires. D’abord, en démotivant les équipes en place ?” alors que, en période de crise, c’est plutôt le moment de se serrer les coudes. Ensuite, en faisant fuir ceux qui, en d’autres temps, auraient volontiers intégré la société (car, paradoxalement, en France tout au moins, HP, tout en débauchant, annonçait près de deux cents recrutements pour 2001). Enfin, la clientèle elle-même, faute d’interlocuteurs fidèles et confiants, risque déjà de se tourner vers d’autres fournisseurs.Certains directeurs informatiques ne cachent pas que, dans l’incertitude de l’avenir, ils ont déjà gelé des projets d’achat. Cette dame “déteste perdre”, précisait le patron de Compaq, Michaël Capellas, en s’adressant à ses employés. Toutefois, il n’est pas sûr que le dédain avec lequel elle traite ses salariés la fasse gagner. L’avenir le dira. En attendant, ces derniers paient les pots cassés…Prochaine chronique lundi 1er octobre

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Anne-Françoise Marès