Passer au contenu

Lyrique Adjani

Elle n’en finit pas de faire son come-back. Avec pour corollaire un déchaînement médiatique toujours plus fort autour de sa personne ?” engouement frénétique ou rejet…

Elle n’en finit pas de faire son come-back. Avec pour corollaire un déchaînement médiatique toujours plus fort autour de sa personne ?” engouement frénétique ou rejet insolent ?” alors qu’elle jure détester la notoriété… Ainsi est la belle Isabelle : ambivalente, rebelle, mais star, follement star. Retour à l’écran donc, après cinq ans sans cinéma et un détour par les planches pour jouer un de ces personnages extrêmes dont elle a le secret : “La Dame aux camélias” (liste des héroïnes incarnées par Adjani sur www.ecrannoir.fr/stars/actrice/adjani4.htm). Message ou coïncidence, l’actrice revient avec un film au titre symbolique : “La Repentie” (présentation sur www.arpselection.com, cliquez sur Prochainement). L’histoire d’une femme qui prend le premier train pour la mer et troque, dans les toilettes du TGV, son jean et ses baskets pour une robe noire de princesse orientale et d’immenses lunettes noires. Une femme, dont on devine qu’elle n’a jamais aimé être ordinaire, devient définitivement fatale. Elle débarque à Nice, dépense ses ultimes deniers au Negresco et danse pieds nus sur la promenade des Anglais, dans une scène d’une grâce et d’une audace sans nom. Comme une parenthèse insouciante. Car la fille au transistor (il ne la quitte jamais) est poursuivie par son passé. Un homme, joué par le décevant Samy Naceri, veut lui faire payer ses trahisons. Un autre succombe à son mystère : l’irrésistible Sami Frey. L’amour renaît pour cette femme qui en a oublié le goût : la vie peut reprendre son cours. Avec ses contorsions, ses chaos, et ses fulgurances… Aux commandes de ce film terriblement romantique, baigné d’ombre et de soleil, l’une des plus talentueuses cinéastes du moment : Lætitia Masson. La réalisatrice d’“En avoir ou pas” et de “Love me” (filmographie sur www.allocine.fr, tapez Laetitia Masson dans le moteur de recherche) a délaissé pour un temps son actrice fétiche, Sandrine Kiberlain, pour l’envoûtante Adjani ?” c’est elle qui le dit. L’histoire d’une rencontre programmée (les producteurs d’ARP Sélection ont organisé l’entretien entre les deux femmes) qui devient une rencontre sublimée. Car le film est superbe, agaçant et fascinant de lyrisme et d’outrance. Si proche, si parfaitement “designé” pour la sublime Isabelle, toujours aussi céleste à 47 ans. L’actrice dit d’ailleurs de son personnage, d’origine arabe, insoumis, énigmatique, qu’il est son double et qu’il l’a réconcilié avec le cinéma (elle a tourné depuis “Adolphe”, de Benoît Jacquot, et sera bientôt dirigée par Jean-Paul Rappeneau pour “Bon voyage”). Pour comprendre, il faut relire l’interview qu’elle donna à Annie Cojean pour Le Monde en décembre 2000 (à lire sur www.isabelleadjani.net, cliquez sur Interviews), parfaite expression de la marginalité revendiquée de l’actrice, de la densité de son jeu, de sa passion, au sens mystique du terme. Elle y affirme que le cinéma doit être une “source”, et qu’“en resacralisant la vie, en permettant de la sublimer par une présence et un texte, il y a des rôles qui confèrent à l’acteur une fonction de saint laïc.” Mission accomplie dans cet opus cinématographique lumineux et illuminé.“La Repentie “, sur les écrans le 17 avril.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Sophie Janvier-Godat