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L’ultraportable dans le nuage

Après le monde des smartphones, Google investit celui des ordinateurs portables avec le système Chrome OS. Pour un résultat peu convaincant.

Au premier regard, rien ne distingue ce joli ultraportable blanc d’un autre. Sur la coque, pourtant, un détail pas du tout anodin : en relief, une roue colorée, le logo de Chrome OS ! Ce Samsung Série 5 est en effet un Chromebook : autrement dit, il fonctionne non pas avec un système d’exploitation classique tel que Windows ou Mac OS, mais sous Chrome OS, un dérivé de Linux, élaboré par Google. Le principe : pas de logiciels à installer, toutes les activités ou presque se déroulent en ligne, dans le navigateur (Chrome en l’occurrence), grâce à des services Web. Le mot-clé, ici, c’est le cloud : les outils sont “ dans le nuage ”, c’est-à-dire sur Internet, et les fichiers aussi.Le premier contact avec l’engin est pour le moins déroutant. Ce portable démarre au quart de tour, malgré sa configuration modeste (Intel Atom N570, 2 Go de mémoire, SSD de 16 Go). Je suis alors pris d’un doute : était-il en veille au préalable ? Pas le moins du monde, comme j’ai pu le constater par la suite : après le premier paramétrage, très simple, le Chromebook est prêt à surfer en 15 secondes chrono, saisie du mot de passe incluse ! Ensuite, c’est le saut dans l’inconnu. Le navigateur, centre du monde Google, est immédiatement ouvert et affiche les services ajoutés au préalable par Google (Gmail, Google Documents, Google Agenda, le jeu Entanglement, un outil de prises de notes, un gestionnaire de fichiers, et le Chrome Web Store). En haut à droite, quelques icônes : heure, niveau de batterie, réseau. Pas de barre des tâches, de menu Démarrer, de dock ou autres raffinements. La présentation est extrêmement sobre.

Réseau indispensable

Très vite, je découvre l’une des faiblesses du Chromebook : sans réseau, point de salut. Et ici, c’est sans fil ou rien : il n’y a pas d’Ethernet. Dès le paramétrage initial, l’appareil réclame une connexion ; ensuite, il est certes possible d’ouvrir une session sans réseau, mais le champ des possibles est alors très limité : écouter de la musique et regarder des vidéos ou des photos stockées sur clé USB ou carte SD ; prendre des notes avec l’appli Scratchpad, modifier quelques réglages… et c’est à peu près tout. Google Docs ou Gmail ne s’ouvrent pas hors connexion, du moins pour le moment (mais Google travaille dessus). Qu’est-ce que je fais de mon Chromebook, dans ces conditions ? Heureusement, le modèle prêté par Samsung est aussi équipé de la 3G. La carte Sim de mon smartphone se révèle alors bien utile ; en entrant le nom du point d’accès de mon opérateur (APN), et après redémarrage, ça marche. Par contre, la connexion est assez molle. En dépannage, c’est tout de même bien utile.Le tour des outils de base étant très vite effectué, l’envie d’ajouter de nouveaux logiciels et utilitaires se fait rapidement ressentir. Là, une seule solution : passer par le Chrome Web Store. Pas question, en effet, comme sur d’autres systèmes d’exploitation, d’installer des logiciels “ à l’ancienne ”, sur CD ou DVD (il n’y a pas de lecteur optique de toute façon) ou téléchargés ? les 16 Go du SSD de la machine limitent clairement les possibilités. Sur le Chrome Web Store, on trouve néanmoins des extensions pour enrichir le navigateur, des thèmes pour en personnaliser l’apparence, et des “ applications ”.

Changement de philosophie

Là, le terme est assez galvaudé : le Store installe bien une belle icône dans l’interface du navigateur, mais le plus souvent il ne s’agit que d’un raccourci vers la page Web traditionnelle d’un service. Et rares sont les applications proposant un mode hors connexion, à la manière du jeu Angry Birds. Le bilan de cette prise en main est donc particulièrement mitigé. Certes, la machine en elle-même présente plusieurs atouts non négligeables : un format impeccable (12 pouces, 1,5 kg : le Chromebook se transporte dans un sac sans briser le dos de l’utilisateur), une autonomie incroyable (8 h 30 selon les mesures de notre labo : autrement dit, une journée entière sans recharge), un écran mat (très appréciable près d’une fenêtre ou à l’extérieur)… Mais c’est plus le système et sa philosophie qui posent problème. Certes, on apprivoise vite les particularités de Chrome OS, mais il reste limité. Et certes il y a du choix sur le Chrome Web Store (j’y ai découvert plusieurs services vraiment pratiques et innovants), mais en aucun cas vous ne pourrez faire tout ce à quoi vous êtes habitué sous Windows, Mac OS ou Linux. Une expérience frustrante.

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Christophe Gauthier