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L’ordinateur au cinéma : fou rire garanti

Dans les salles obscures, les ordinateurs sont présentés de façon plus que fantaisiste. Est-il vraiment nécessaire, pour plaire au public, de lui servir de pareilles inepties ?

La journée de travail a été dure ? Allez, offrez-vous une toile, vous ne serez pas déçu. Mais choisissez un film où figurent des ordinateurs. Vous aurez l’occasion de rigoler un bon coup, même en dehors des scènes comiques. Car, si vous avez ne serait-ce qu’une connaissance ultrabasique de la micro-informatique, vous allez constater que, au cinéma, les ordinateurs sont présentés de façon totalement fantaisiste.Ainsi, dans Simone, d’Andrew Niccol, le producteur reçoit un paquet dans lequel se trouve un disque dur… sans couvercle, c’est-à-dire dont les plateaux et les têtes de lecture sont bien visibles. Disque dur qui, une fois introduit dans le PC, fonctionne parfaitement. J’adresse toutes mes félicitations au constructeur d’un disque aussi robuste !Un peu plus tard, le même producteur, pour introduire un virus et détruire sa créature virtuelle, se sert d’une disquette 5 pouces ¼. Il l’a sans doute empruntée à un musée car, pour ma part, je n’ai pas vu de telles disquettes depuis pas mal d’années ! Mais je vous ai gardé le meilleur pour la fin : la fille du héros parvient à éliminer le virus sans le disque dur, ce dernier ayant été, entre temps, ôté de l’ordinateur et jeté à la mer !Vous me direz que je chipote, que l’important, c’est le spectacle, pas la technique, et que toutes ces petites étourderies ne choquent que les spécialistes. Je suis entièrement d’accord, et mes remarques ne visent pas à déprécier Simone, qui, hormis ces quelques fausses notes, reste un excellent divertissement.Mais est-il indispensable, chaque fois qu’un ordinateur montre le bout de son clavier au cinéma, que ce soit de façon aussi puérile ? Ainsi, pourquoi les machines dialoguent-elles toujours avec les humains en langage naturel ? Les ordinateurs ?” les vrais ! ?” capables d’une telle prouesse ne sont encore que des prototypes dans les labos de recherche, et leur bavardage ne surpasse pas, aujourd’hui, celui d’un enfant de trois ans.Pourquoi, dans les salles obscures, les ordinateurs sont-ils dotés d’interfaces homme/machine si intelligentes ? Dans le moindre film de guerre, les militaires ont devant eux un écran qui affiche en temps réel toutes les facettes de la bataille en cours. Chaque avion de combat est visible en plan rapproché, sous toutes les coutures. Pourrait-on m’expliquer où sont les caméras ?Des exemples comme ça, je peux en citer des quantités. Prenons Jurassik Park. Devant l’ordinateur de contrôle, une fillette cherche la commande de fermeture de la porte blindée afin de barrer la route aux dinosaures qui la traquent. Brusquement, elle découvre que le système fonctionne sous Unix et parvient à éloigner les sales bestioles en manipulant une sorte de jeu vidéo sur l’écran. Ce sont les tyrannosaures qui ont dû bien rigoler !A mon avis, il n’est pas bon de laisser croire au grand public que l’ordinateur est cette merveilleuse machine, dotée de mémoire (au sens humain du terme) et capable de raisonner. Beaucoup de spectateurs prennent pour argent comptant ce qu’ils voient de l’informatique dans les salles obscures.Cela dit, le lendemain, une fois revenus devant leur Windows XP, ils seront vite ramenés à la réalité et pourront apprécier le fossé entre le cinéma… et la vraie vie.La prochaine fois que vous irez au cinéma, choisissez bien votre film et constituez-vous votre propre bêtisier. Mais que cela ne gâche pas votre plaisir, tout de même !* Chef de service à L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique le vendredi 25 octobre

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Etienne Oehmichen*