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L’opérateur OneTel en liquidation judiciaire

Plombé par une dette de 108 millions d’euros et lâché par ses actionnaires historiques, l’australien devrait cesser ses activités. Malgré 178 000 clients revendiqués dans l’Hexagone, la filiale française se refuse à tout commentaire.

Rien ne va plus pour OneTel. Le quatrième opérateur australien, surtout connu en France pour son offre d’accès à Internet OneTelnet, est lâché par ses deux actionnaires majoritaires, perclus de dettes et poursuivi par les autorités boursières de Sydney.Alors que l’autorité de régulation boursière australienne (Asic) vient de déclencher une enquête pour déceler d’éventuelles malversations dans les comptes de l’opérateur, les deux administrateurs nommés la semaine dernière à la tête de l’entreprise estiment d’ores et déjà que la dette de OneTel atteindrait 180 millions de dollars australiens (108 millions d’euros). Si ce chiffre est vérifié dans les prochains jours, OneTel pourrait se retrouver tout simplement en insolvabilité.De son côté, l’Asic doit déterminer quelle est la responsabilité des deux ex-dirigeants, Jodee Rich et Brad Keeling, dans le naufrage de OneTel, une société qu’ils avaient fondée en mai 1995.

Chercher les coupables

Les deux magnats autraliens des médias News Corporation (groupe Murdoch) ?” 24 % du capital de OneTel ?” et PBL (Publishing and Broadcasting, famille Packer) ?” 23,3 % du capital ?” accusent en effet l’ancienne équipe dirigeante d’avoir volontairement falsifié les résultats de OneTel.Une situation dont les deux actionnaires se seraient aperçu le 17 mai dernier, à l’occasion d’un conseil d’administration portant sur une augmentation de capital de 132 millions de dollars australiens (79,3 millions d’euros). Un réveil tardif qui a entraîné le limogeage immédiat de Jodee Rich et Brad Keeling.News Corporation et PBL ont investi à eux deux 545,7 millions d’euros dans OneTel depuis leur entrée au capital en février 1999.

Des difficultés en France

Coïncidence ou dérobade, les deux administrateurs ont déclaré à la presse australienne qu’ils n’examineront pas les comptes des filiales européennes de l’opérateur. Une option confirmée par OneTel qui déclare que ces sociétés sont soumises à la législation du pays dans lequel elles se trouvent.Or OneTel accuse ses plus lourdes pertes en Europe. Rien qu’en France, la perte d’exploitation de l’opérateur au second semestre 2000 atteint 18,4 millions d’euros pour 13,5 millions de recettes.Interrogé sur le sort de la filiale française, Michel Rouilleault, directeur général de OneTel France, n’a pas souhaité faire de commentaires.En revanche, OneTel réalise en Australie sur la même période, un chiffre d’affaires de 198,3 millions d’euros pour une perte d’exploitation de 51,6 millions d’euros .

Des erreurs de gestion en cascade

Le verdict des deux administrateurs ?” prévu pour le 5 juin prochain ?” est très attendu par les 2,6 millions d’usagers abonnés aux différents services de l’opérateur (cartes téléphoniques prépayés, téléphone mobile, téléphone fixe, accès Internet…).Selon le
Sydney Morning Herald
qui, comme l’ensemble de la presse australienne, fait de OneTel sa couverture, les difficultés de la société s’expliquent en partie par un processus de facturation mal maîtrisé. Car si l’opérateur a par exemple enregistré un chiffre d’affaires de 342,2 millions d’euros au second semestre 2000, seuls 266,8 millions d’euros ont été réellement encaissés.Parallèlement à cela, des factures portant sur une somme de 177,3 millions d’euros ne sont pas encore parvenues aux clients.Toujours selon le Sydney Morning Herarld, OneTel aurait également artificiellement gonflé le nombre d’abonnés à son service mobile ?” qui atteignait 171 000 abonnés à la fin mars.Aussi, et malgré le sursis accordé par les autorités de régulation, l’avenir de OneTel paraît compromis. Le cours de laction a chuté à 16 cents, vendredi en clôture à la Bourse de Sydney, contre 2,65 dollars australiens fin 1999.

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Gérald Bouchez