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Loïc Le Meur : ‘ Si j’avais du temps je ferais un parti politique complètement basé sur les blogs ‘

Après un passage au sein d’HEC Entrepreneurs, Loïc Le Meur investit en 1996 une partie de son prêt étudiant dans la création de sa première entreprise…

Après un passage au sein d’HEC Entrepreneurs, Loïc Le Meur investit en 1996 une partie de son prêt étudiant dans la création de sa première entreprise B2L, une agence Web qu’il revend à BBDO en 1999. En parallèle, il crée en 1997
RapidSite, une société d’hébergement mutualisé pour les PME, cédé deux ans plus tard à France Télécom.


Inlassable entrepreneur, il crée alors Tektora. Il lève 6 millions d’euros pour cette entreprise devant permettre à toutes les PME de créer leur site Web. Un an plus tard les résultats ne sont pas au rendez-vous, sur les conseils de
ses investisseurs, il revend l’entreprise. C’est en participant au forum de Davos que lui vient l’idée d’investir dans les blogs. Il rachète alors Ublog qui deviendra en 2004 filiale à 100 % de l’éditeur américain d’outil de publication de
blogs, Six Apart01net. : Quel regard portez-vous sur ces années un peu folles de la ‘ nouvelle économie ‘ ?


Loïc Le Meur : C’était une période extraordinaire pour la France sur un point au moins : tout d’un coup tout le monde s’est mis à créer. Même si c’était parfois extrême et exagéré. Naturellement, il y a eu des
dérives, comme Boo.com pour ne citer qu’eux, mais je pense que les gens en ont tiré la leçon. Si on prend l’exemple de Six Apart, tout le monde voyage en classe économique. Moi, quand je vais à San Francisco je prends un billet éco. A la limite si
je veux ‘ upgrader ‘ je paye la différence personnellement.Quel a été le début, pour vous, de l’aventure Internet ?


Je terminais mes études et j’avais déjà pas mal la tête à ce qui se passait aux Etats-Unis. Je surfais déjà sur Yahoo! et même sur Dealernet (créé en 1994), qui était le premier site de vente de voitures d’occasion. J’ai fait un stage chez
Peugeot avec le sujet suivant : améliorer la communication de trois concessionnaires parisiens. Et je leur ai proposé de faire le premier site de vente de véhicules d’occasion en Europe. Peugeot m’a dit ‘ banco ‘. Et
c’est là que j’ai créée B2L. Je n’avais pas de sous. J’ai donc ‘ détourné ‘ une partie de mon prêt étudiant. J’ai mis 10 000 euros dans une SARL et j’ai démarré avec Peugeot comme premier client. Il y a
pire.Quels enseignements avez-vous tiré de cette période ?


Après RapidSite [hébergement pour PME, NDLR], j’ai fais beaucoup d’erreurs. Ma première erreur c’est que je me suis senti invincible. Il faut être sûr de soi quand on est entrepreneur, mais là je l’étais peut-être un
peu trop. J’ai investi dans une quinzaine de start-up. J’ai quasiment tout perdu. Aujourd’hui je suis beaucoup plus mesuré. La leçon que j’ai retenue, c’est qu’il est difficile de réussir plusieurs choses en même temps.Comment est venue l’idée des blogs ?


Après Tekora j’ai fait un petit break, pendant lequel j’ai un peu voyagé. Mais j’étais à l’affût de la prochaine idée, car il m’est insupportable de rester inactif. J’ai participé à beaucoup de conférences. La plus structurante pour moi a
été Davos, c’est là que j’ai découvert le phénomène blog. Absolument par hasard. Grâce à mon ami Joi Ito qui était à Davos en train de bloguer la conférence. Il fait un post et instantanément il a reçu 40 commentaires durant la conférence.J’avais l’impression de revenir au rêve de l’Internet où tout le monde peut s’exprimer. Le lendemain, j’étais décidé à créer une société sur les blogs. En fait, j’ai racheté le titre U-Blog à quelqu’un qui était sur le point d’arrêter
parce que cela lui coûtait trop cher en hébergement.Quel est l’avenir pour les blogs ?


Pour moi c’est aussi important que le mail. Si j’avais du temps je ferais un parti politique complètement basé là-dessus. Mais je pense qu’en matière d’Internet on n’a encore rien vu on est parti pour quinze ou vingt ans de transformations
profondes. Beaucoup de règles du jeu sont en train de changer. Avec les blogs par exemple, on va changer la manière de communiquer.Quelles sont d’après-vous les nouvelles tendances sur Internet ?


Les sociétés d’e-commerce totalement basées sur l’esprit communautaire comme ce qu’a réussi à faire LaFraise.com où les gens participent eux-mêmes à la conception du produit. Mais il faut se réinventer pour faire çà. Les grandes
entreprises ne comprennent pas encore ce concept.Quelle idée auriez-vous aimé avoir eu pendant ces années Internet ?


eBay. Je suis fasciné par le modèle eBay et dans un sens les blogs c’est très proche d’eBay. Tout d’un coup, tu donnes la possibilité à n’importe qui de vendre n’importe quoi à n’importe qui. Et aujourd’hui 400 000 personnes
vivent de leurs revenus sur eBay et des entreprises entières se sont créées sur ce modèle là. C’est un public qui touchent des passionnés, sur des micro-cibles, là où il serait quasiment impossible d’avoir un magasin pour ce genre de
produit.

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Propos recueillis par Philippe Crouzilllacq