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L’offshore cherche à éviter le chômage aux Etats-Unis

La thèse d’une délocalisation créatrice d’emplois soulève la polémique outre-Atlantique. Industriels et syndicats s’opposent en pleine campagne présidentielle.

Alors que les voix anti-délocalisations se multiplient aux Etats-Unis, l’association américaine pour les technologies de l’information (Itaa) jette de l’huile sur le feu. Sur la base d’une étude commanditée à
Global Insight, l’Itaa démontre ? chiffres à l’appui ? que
l’offshore dans les NTIC contribue à créer plus d’emplois sur le sol américain qu’il n’en suppriment.L’argumentaire reprend le credo des tenants du libre-échange : les économies réalisées grâce à l’offshore améliorent la compétitivité des entreprises. La capacité d’investissement, ainsi
débloquée, est réinjectée dans l’économie nationale. Ce qui se traduit, à terme, par la création d’emplois.

Des emplois créés hors du secteur des NTIC

Les 104 000 postes délocalisés, en 2003, dans les services informatiques ou les logiciels seraient, ainsi, largement contrebalancés par les emplois créés, non pas dans les NTIC, mais dans la santé, les transports ou
l’éducation avec un solde net de 90 000 emplois. Ce différentiel atteindrait même 317 000 emplois en 2008.Si l’Itaa admet que le secteur des NTIC a perdu 10 % de ses emplois depuis 2000, seuls 2,8 % seraient imputables à l’offshore. Rien à voir donc avec les dégâts causés par l’éclatement
de la bulle Internet ou la crise qui sévit depuis 2001.Selon
Bruno Garnier, DSI du fabricant de composants Agilent basé aux Etats-Unis, il faut pondérer les conclusions de ce rapport. En premier lieu, il n’intégrerait pas le phénomène de
l’insourcing, pratique qui consiste à licencier des employés américains et à embaucher des ingénieurs indiens ou chinois.Et l’étude ne tiendrait pas compte de l’évolution sociale en Inde, principal fournisseur offshore des Etats-Unis. “Le turn-over est tel que des équipes sont renouvelées en
l’espace d’un an. Et d’ici à 2008, les salaires indiens auront doublé, voire triplé.”

La polémique se nourrit de chiffres contrastés

Contestant également la véracité des chiffres qui sont avancés, les syndicats
WashTech et Communications Workers of America (CWA) tiennent leur propre comptabilité. Un observatoire en ligne, baptisé
Offshore Tracker, recense, au jour le jour, les emplois perdus.Enfin, les mauvaises langues trouveront dans la publication de cette étude une action de lobbying menée au c?ur de la campagne présidentielle. Le candidat démocrate John Kerry accusant le président Bush d’avoir laissé partir
des milliers d’emplois hors des Etats-Unis. On notera, en effet, que l’Itaa défend les intérêts de quelque cinq cents membres dont HP, IBM ou Microsoft. Ce rapport succède, par ailleurs, à un autre document intitulé
“Choisir la compétition” et rédigé par le Computer Systems Policy Project. Le CSPP réunit, lui aussi, les principaux dirigeants de sociétés high-tech (Dell, Intel?). Pro et
anti-offshore, comptez vos bataillons !

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Xavier Biseul