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L’OCDE range l’innovation parmi les moteurs de la croissance

L’organisme international engage les pouvoirs publics à soutenir les politiques de R & D. Le gouvernement français suivra-t-il le conseil ?

“Je découvre beaucoup de choses très intéressantes”, confiait Claudie Haigneré, le 19 juin, à la sortie de son premier conseil des ministres. Cette scientifique de premier plan, aujourd’hui ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies, aura peut-être déjà reçu dans son courrier un exemplaire d’un rapport que vient de réaliser l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), disponible sur le site www.ocde.org et intitulé Dynamiser les systèmes nationaux d’innovation.Ce texte examine l’implication des pouvoirs publics en matière d’incitation des entreprises à innover. “Les gouvernements exercent de façon plus ou moins délibérée une grande influence sur les processus d’innovation lorsqu’ils financent et orientent les organismes publics directement impliqués dans la génération et la diffusion du savoir (universités, laboratoires publics de recherche…) et lorsqu’ils influent sur la motivation des acteurs du système d’innovation par les incitations financières ou des mesures réglementaires”, explique Svend Remoe, un des coauteurs du rapport, qui collabore au secrétariat de l’OCDE.À titre indicatif, l’Agence française de l’innovation (Anvar) a accordé quelque 4 095 aides en 2001, pour un montant total de 274,28 millions d’euros. Une somme qui a été affectée à des concours de création d’entreprises, à des inventeurs indépendants, ainsi qu’à la mise en place de réseaux de diffusion technologique. Avec des dominantes sectorielles : en effet, l’éclatement de la bulle internet a eu pour effet de réorienter les fonds publics, notamment en direction du secteur des biotechnologies.

Les passerelles de l’Anvar

“En 2001, les aides de l’Anvar aux projets biotechs ont vu leur montant moyen d’intervention croître de 6 %, indiquait Philippe Jurgensen, le président de l’Anvar, lors de la présentation il y a quelques jours des objectifs 2002 de son organisation. L’année écoulée a également été marquée par le besoin de renforcer les compétences transversales des PME, la recherche de partenariats stratégiques et les transferts de technologies “.Cette pratique de partage de l’information gagnerait à être encouragée, à l’instar de ce qui est fait par l’Union européenne (UE), puisque le budget communautaire de la recherche pour la période 1998-2002 s’élève à 15 milliards d’euros. En juin 2001, l’UE a soutenu 187 nouveaux projets en matière de R & D pour un montant de 500 millions d’euros. Une approche volontariste, admise même par les membres de la pourtant très libérale OCDE.“Un nouveau rôle s’impose aux pouvoirs publics : ils doivent être à même d’encourager l’innovation en intégrant la politique de création et de la technologie dans le cadre général de la politique économique”, reconnaît Svend Remoe. Une façon de voir qui pourrait inspirer la jeune ministre française de la Recherche, même s’il n’est pas sûr que l’étroitesse de son domaine d’intervention et son faible poids politique lui permettent d’obtenir des allongements budgétaires de la part de son homologue de Bercy.Pourtant, un certain Jean-Pierre Raffarin appelait de ses v?”ux, dans son livre Pour une nouvelle gouvernance
(*) publié au début de l’année, la création “d’un grand ministère des Recherches, de la Société de l’information et de la Protection de la planète “. Celui-ci n’a pas vu le jour : réalisme politique, quand tu nous tiens !Il faut bien noter que la société de l’information ne semble pas être inscrite en tête des priorités du gouvernement. Mais peut-être profitera-t-il de l’été pour réfléchir à l’élaboration d’une véritable politique en la matière.
” L’innovation par la création, la diffusion et l’application du savoir est devenue l’un des principaux moteurs de la croissance économique et un élément clé de la réponse à beaucoup de nouveaux besoins sociaux “, insistent pourtant les experts de l’OCDE dans leur rapport. Autant d’arguments qui devraient inciter le gouvernement à voir enfin dans les nouvelles technologies un véritable levier de développement économique.(*) Éditions de l’Archipel, 2002

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Nicolas Arpagian