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L’Italien Bipop-Carire vient bousculer la banque en ligne française

L’établissement démarre ses activités en France le 20 mars, autour d’une stratégie “click and mortar “. Produit d’appel : un livret d’épargne rémunéré à 5,30 %.

La communauté bancaire commence à s’habituer aux nouveaux entrants. Après Ebanking, lancé en janvier dernier par le groupe belgo-néerlandais Fortis, c’est au tour de l’Italien Bipop-Carire de débarquer sur le marché français. Derrière ce nom surprenant se cache l’une des vingt-cinq premières banques européennes, née en 1998 de la fusion entre la Banca Popolare di Brescia et de la Cassa di Risparmio di Reggio Emilia.

Des consultants à domicile

Chez Bipop-Carire on se défend d’emblée d’être une banque tout-internet. “La banque en ligne est un produit d’appel pour nous“, indique-t-on tout simplement. Ainsi, l’établissement met en avant sa stratégie click and mortar (l’alliance du virtuel et du physique) à travers la création d’agences bancaires et de boutiques financières ouvertes en dehors des heures de bureau traditionnelles. Mais, fait inédit en France, elle compte aussi sur son réseau de consultants financiers personnels pour convertir les prospects en clients. Ces spécialistes se déplaceront au domicile de ceux qui désireront en savoir plus sur les produits de la banque. Si cette politique marketing n’est pas habituelle en France, elle a fait ses preuves en Italie. L’an dernier, ces “financial planners” ont contribué à hauteur de 50 % de la croissance de l’activité, contre 35 % pour les agences bancaires. Bipop-Carire va proposer une palette complète de produits : compte courant, Carte Bleue Visa Internationale (gratuite pendant un an, si le client choisit le débit immédiat). Mais pour se démarquer de la concurrence, la banque italienne a décidé d’attaquer l’Hexagone avec le taux de rémunération du livret d’épargne le plus élevé du marché français : 5,30 % (3,975 % en net). Mais elle ne restera pas longtemps seule à ces sommets.En effet, ING Direct a décidé de s’aligner. La banque hollandaise connaît, elle aussi, les bonnes recettes. Il y a tout juste un an, lors de son lancement, elle avait décidé de se différencier par le taux avantageux de son produit Épargne Orange. ING Direct était partie de 4,20 % pour grimper à 4,50 % en juin et 5 % en septembre. En un an, la banque en ligne a capté 75 000 clients pour 210 millions d’euros (1,4 milliard de francs) de dépôts. “ ING Direct n’a qu’un seul produit à vendre. Face à l’offre de Bipop-Carire, s’il ne suit pas, il risque tout simplement de voir partir une partie de sa clientèle“, juge un concurrent. “C’est une stratégie de conquête de clientèle. Mais elle n’est pas forcément durable “, poursuit-il.D’ores et déjà, chez Zebank, on se montre serein face à l’arrivée de ce nouvel acteur. “Nous avons une spécificité unique en France, celle d’un hypermarché bancaire. Bien sûr, nous aurons toujours à faire face à une concurrence sur certaines niches. La rémunération du livret d’épargne en est une“, admet-on chez la filiale d’Europatweb et de Dexia.D’ores et déjà, la banque 100 % internet assure qu’il n’y aura pas de surenchère sur la rémunération du livret d’épargne. Zebank reconnaît qu’à 5,10 %, elle ne perd pas d’argent, mais n’en gagne pas non plus. “En revanche, à 5,15 %, nous en perdrions.” Chez Banque AGF ou encore Banque Directe (groupe BNP-Paribas), on ne prévoit pas non plus de prendre part à ce mouvement de surenchère. Cette stratégie n’a pas encore démontré sa capacité à dégager une rentabilité. En effet, rien ne prouve encore que la surrémunération de l’épargne engen- dre l’achat d’autres produits. Or le salut économique des ban-ques tout-internet passe impérativement par la vente croisée, c’est-à-dire l’achat de plusieurs produits bancaires ou financiers en ligne. Certains analystes estiment qu’il faut vendre au moins trois ou quatre produits pour devenir rentable. Un seul banquier en ligne, Ebanking, a décidé de ne pas entrer sur le marché des livrets d’épargne le jugeant, justement, trop risqué. Malgré les réserves émises par une partie de la profession ban- caire, Bipop-Carire a tout de même décidé de décliner cette stratégie en France où elle boucle, pour ainsi dire, son expansion européenne. Au mois de janvier dernier, elle avait racheté Entrium Direkt Bankers, la première banque en ligne en Allemagne et en Autriche avec 800 000 clients. En février, ce fut au tour du gestionnaire de fonds espagnol Safei à hauteur de 80 %. Sans compter l’acquisition l’an dernier du courtier en ligne français Ibourse auprès de IBazar, le géant de la vente aux enchères passé, depuis, sous le contrôle d’Ebay.

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Nathalie Brafman