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Linux joue sur le terrain de Windows

Le système Linux est généralement présenté comme l’ennemi juré de Windows. Sur le marché, pourtant, il existe peu de systèmes d’exploitation capables de s’intégrer aussi facilement et aussi simplement à l’environnement réseau de Microsoft.

Aucun système informatique ne peut vivre en complète autarcie. Les capacités de communication sont, de ce fait, fondamentales. Sur ce plan, Linux est plutôt avantagé, puisque toutes les distributions fournissent de nombreux outils ainsi que les protocoles nécessaires à l’intégration à d’autres systèmes d’exploitation, Windows compris. Il peut être, en effet, très intéressant d’installer des machines Linux dans un réseau Windows (9.x ou NT), afin de profiter de l’éventail des applications disponibles sous cet environnement. Celles-ci sont non seulement gratuites, mais aussi, souvent, fournies avec leurs sources.

Des logiciels suffisamment puissants et, surtout, gratuits

On remarque aujourd’hui que Linux est principalement employé sur des serveurs et qu’il a du mal à convaincre les utilisateurs de son efficacité au niveau des postes de travail. Pourtant, on peut pratiquement tout faire sous un environnement Linux. Les outils de bureautique tels que Star Office, Applixware ou WordPerfect sont d’usage facile. Ils reprennent une interface semblable à celle de Windows et contiennent des filtres d’importation et d’exportation leur permettant d’échanger des fichiers avec Microsoft Office. Aucune contre-indication technique n’interdit donc d’associer des ordinateurs sous Linux à d’autres sous Windows. Ce qu’il est important de souligner, c’est qu’une telle intégration ne change pas le système existant. Il n’y a rien à ajouter ni à modifier sur les ordinateurs Windows. Dès que la nouvelle machine Linux sera connectée au réseau, elle sera automatiquement visible dans toutes les fenêtres de voisinage réseau des autres ordinateurs. Cette simplicité est due à Samba, une suite logicielle qui permet de transformer toute machine Unix en serveur de fichiers ou bien en serveur d’impression, pour les ordinateurs Windows ou LAN Manager. Ce produit, né en 1991, est désormais parfaitement stable et très utilisé. Le logiciel original Samba ainsi que les utilitaires associés ont été créés par l’Australien Andrew Tridgell. Cet ensemble est néanmoins développé, à l’heure actuelle, par la Samba Team en tant que projet Open. Samba se présente comme une suite de composants autorisant les systèmes Unix à utiliser SMB (Server message block). Ce protocole qui a été développé à ses débuts par 3Com et Xerox, puis par Microsoft, sert au partage de fichiers et d’imprimantes entre PC. Il est disponible pour tous les systèmes Windows, OS/2, VMS, MVS, Unix, ainsi que pour Macintosh. L’intérêt est que les clients Windows NT, Windows 95, OS/2 Warp Connect et OS/2 Warp 4 n’ont pas besoin de logiciels supplémentaires pour communiquer avec un serveur Samba. Ce dernier ressemble à des produits de type NetWare Core Protocol, de Novell ; AppleTalk ; DecNet ; NFS, ou encore, Banyan Vines. Mais, contrairement à leurs spécifications, celles de SMB ont été rendues publiques. On associe souvent à SMB le protocole CIFS (Common Internet file system), qui en est une amélioration. SMB-CIFS est donc un protocole ouvert, dont les spécifications ont été publiées par l’IETF. Il peut être considéré comme complémentaire de HTTP, puisqu’il permet des échanges de fichiers d’une manière plus sophistiquée que FTP. C’est grâce à cela que d’autres plates-formes, Linux en particulier, sont capables de gérer ce protocole. SMB-CIFS, enfin, s’appuie sur TCP-IP, le protocole de réseau le plus répandu, et sur DNS (Domain name system). La suite Samba se compose de deux programmes majeurs, auxquels viennent s’ajouter quelques utilitaires. Le composant principal est le SMBD (D pour Daemon), chargé de fournir les services de partage de fichiers et d’impression aux clients SMB-CIFS. Ce serveur peut tourner en tant que Démon. Il peut être activé au démarrage de l’ordinateur ou bien par les utilisateurs. Il est aussi capable de fonctionner comme métaDémon, appelé par une requête.

Ouvrir une fenêtre sur un monde plus grand et plus riche

Toutefois, il est fortement recommandé d’avoir recours à la première solution. Le port TCP utilisé par défaut est le 139, valeur modifiable selon ses besoins. Toute l’activité du serveur est inscrite à l’intérieur d’un fichier de logs. Un paramètre (debuglevel) noté sous la forme d’un nombre entier compris entre 0 et 10 permet de spécifier le niveau de détail que l’on souhaite obtenir. A 0, seules les erreurs stratégiques et les alertes les plus sérieuses seront enregistrées. Ensuite, les valeurs supérieures à 1 génèrent une masse de données de plus en plus importante. A partir du niveau 3, celles-ci peuvent devenir considérables. La plupart sont d’ailleurs totalement ésotériques. Le deuxième composant essentiel se nomme NMBD (NetBios message block Daemon). C’est un serveur capable de répondre aux requêtes NetBios sur IP telles que celles produites par les clients Windows. Ceux-ci doivent, en effet, pouvoir localiser les serveurs SMB lors de leur démarrage, c’est-à-dire connaître leurs adresses IP. C’est NMBD qui les rend visibles à l’intérieur des fenêtres de voisinage réseau de Windows. Il peut également être utilisé en tant que serveur Wins (Windows Internet name server) et servir de proxy Wins en relayant les requêtes de clients ne connaissant pas le protocole Wins. Autre composant, le SMB client est un client capable de communiquer avec un serveur SMB-CIFS. Celui-ci, dont l’interface ressemble à celle d’un programme FTP, autorise l’échange de fichiers entre le client et le serveur, et peut être utilisé par une machine Unix pour effectuer des travaux sur une imprimante connectée au serveur SMB. Samba comprend enfin un ensemble de petits utilitaires voués à faciliter le travail de configuration. Parmi eux, citons Testparm, un programme de test très simple, destiné à vérifier le fichier de configuration de Samba. S’il permet d’éviter les erreurs les plus grossières, il ne garantit pas la disponibilité des services demandés ni le fonctionnement escompté du serveur. Ce fichier de configuration se nomme SMB.CONF. Il se présente en sections regroupant un ensemble de paramètres, un peu à limage des fichiers .INI, de Windows.

Des outils graphiques d’administration simples à installer

Toutefois, le produit s’est complexifié au fil du temps, et sa configuration peut devenir très ardue, dès que l’on sort des configurations courantes. Comme c’est le cas avec de nombreux produits Linux, il existe heureusement des outils graphiques de configuration bien plus simples à utiliser. Pour Samba, le plus connu s’appelle Swat (Samba Web Administration Tool). Cet outil est, en principe, livré en standard avec Samba. Il offre à l’administrateur la possibilité de configurer ce fameux fichier SMB.CONF à l’aide d’un navigateur Web. De plus, la page de configuration de Swat possède des liens d’aide pour toutes les options du fichier. La configuration de Samba peut s’effectuer sur un poste Windows distant, par l’intermédiaire d’un navigateur, ou encore, de l’utilitaire SMBedit, dont une version alpha est disponible à l’adresse http://fr.samba.org/samba/sm bedit/intro.htm. Hewlett-Packard a également produit un outil graphique appelé B+B Admin Tool pour MPE/iX. Dans un réseau hétérogène, Samba autorise aux machines fonctionnant sous Windows d’accéder aux ressources de celles sous Linux. Comme nous l’avons mentionné précédemment, ces machines apparaissent dans le voisinage réseau comme n’importe quel ordinateur Windows. Mais l’inverse est également possible.
Pour monter des partitions d’un serveur SMB-CIFS sous Linux, on utilisera le SMBfs (SMB file system), qui permet toutes les opérations sur les fichiers (lecture, écriture, suppression…) de la même manière qu’avec les fichiers locaux. SMBfs ne fait pas à proprement parler partie de Samba, mais il est généralement fourni avec la suite. Il existe, enfin, une autre solution du même type, SMBsh (SMB Shell), mais qui semble avoir une portée plus générale.

Samba n’a pas encore dit son dernier mot

Ce produit, qui se comporte comme un shell Unix, est encore en phase de développement. Il devrait autoriser des contrôles beaucoup plus fins sur les accès aux partages que SMBfs. En décembre 1998, la société SGI a été la première à annoncer la prise en charge (commerciale) de Samba en déclarant que sa ligne Origin comprenait les serveurs pour Windows les plus puissants du marché. C’est la distribution red hat. qui est livrée avec les serveurs.
Samba fonctionne parfaitement avec les versions bêta de W2K (nom donné à Windows 2000 par la presse anglo-saxonne), et il est certain que cela sera encore le cas avec la version définitive. La Samba Team continue à travailler sur la mise en ?”uvre d’ACL (Access control list) pour LDAP (Lightweight directory access protocol) et DFS (Distributed file system), de Microsoft. Samba est fourni en standard dans toutes les distributions commerciales courantes. A l’heure où nous rédigeons cet article, la dernière version est la 2.0.5. Pour obtenir la plus récente, il faudra se connecter au serveur FTP à l’adresse suivante : ftp://fr. samba.org/pub/samba/samba-latest.tar. gz. Le fichier ne pèse que 2,2 Mo. ;

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par Alain Coupel