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Linteropérabilité des SAN hétérogènes est en cours

La constitution de SAN hétérogènes se heurte encore à des problèmes d’interopérabilité. La normalisation progresse néanmoins avec l’émergence de la norme FC-SW2, et les alliances multiconstructeurs se font de plus en plus ambitieuses.

Les programmes de certification, les tests de validation et les collaborations entre fournisseurs sont plus que jamais en question lorsqu’il s’agit de déployer des SAN composés d’éléments d’origines différentes. À qui la faute ? La liste est longue : une normalisation incomplète ; des fonctionnalités propriétaires ; la diversité des systèmes d’exploitation ; et la variété des mécanismes d’allocation des espaces de stockage et de configuration des zones.Le niveau d’interopérabilité le plus problématique concerne le fabric, le commutateur virtuel constitué de plusieurs commutateurs. La connexion d’équipements différents est possible grâce à plusieurs mécanismes, désormais précisés par FC-SW2, un ensemble de normes défini au sein d’un groupe de l’Ansi. FC-SW2 détaille d’abord les spécifications du port E (ou E-Port), dédié à l’interconnexion de commutateurs différents. Il permet de mettre en ?”uvre les mécanismes de routage ; de gestion du Zoning ; de transport de l’IP (pour les protocoles d’administration) ; ou encore, de découverte des n?”uds. Au sein d’un fabric, le routage est ainsi assuré par le protocole FSPF (Fabric shortest path first), qui, comme son nom l’indique, choisit le chemin le plus court, mais assure aussi le basculement, ou cherche un autre chemin en cas de défaillance. De plus, il répartit les entrées-sorties lorsque plusieurs liens relient deux commutateurs. Faute de FSPF, les commutateurs dotés d’E-Port ne peuvent être interconnectés que par des liens statiques.La gestion du Zoning est également définie par FC-SW2, qui spécifie la propagation des informations définissant les zones. Mais la façon dont elles sont configurées est mal précisée. Résultat : chaque constructeur fournit son propre outil et, éventuellement, des API que les éditeurs indépendants ou les autres constructeurs mettent à profit pour offrir une gestion globale du Zoning. Dans les prochains mois, l’Ansi devrait toutefois compléter FC-SW2 d’un système de gestion du Zoning baptisé World Wide Name Zoning.

Des fonctionnalités propriétaires

Encore faut-il que les spécifications FC-SW2 actuelles soient respectées. Certains concurrents de Brocade l’accusent de ne pas mettre en ?”uvre systématiquement les normes. “C’est absolument faux, nous sommes victimes de notre position de leader “, se défend Paul Trowbridge, responsable marketing Europe. “Il s’agit d’un mauvais débat “, renchérit Xavier Fessart, directeur de la division Stockage chez Compaq, qui revend aussi bien des équipements Brocade que des équipements McData.En revanche, Brocade ne nie pas déployer des fonctionnalités propriétaires qui mettent à mal la compatibilité. Il s’agit d’un Zoning matériel, et non logiciel, qui offrirait davantage de sécurité en assurant une meilleure étanchéité entre zones ; de la notion d’Extended Fabric, pour des liens Fibre Channel longue distance ; et de l’agrégation de plusieurs liens Fibre Channel. Ces fonctions trouvent parfois leur équivalent chez McData ou Vixel, mais Brocade veut imposer les siennes. Certains de ses concurrents affirment d’ailleurs conserver la compatibilité avec Brocade, grâce à un travail de rétro-ingénierie réalisé sur ses commutateurs.

Standardiser les pilotes de cartes adaptateurs

L’interopérabilité doit également s’appliquer à la frontière du réseau Fibre Channel, c’est-à-dire aux sous-systèmes de stockage et aux serveurs. Côté sous-systèmes, le raccordement à un fabric se contente d’une connectivité Fibre Channel précisée par FC-SW2, qui spécifie des types de ports, complémentaires du port E. Le port F est celui sur lequel viennent se raccorder des n?”uds, qui doivent eux-mêmes être dotés d’un port N. De la même façon, les ports FL et NL (L comme loop) assurent la connectivité des boucles FC-AL.Mais ces ports ne suffisent pas car des mécanismes intégrés aux baies de disques sont propriétaires. C’est le cas de la détection des serveurs connectés et de la définition des accès aux unités logiques (LUN) ?” certains parlent de persistent binding. Côté serveurs, d’autre part, toute la difficulté consiste, pour les constructeurs de cartes Fibre Channel, à proposer autant de pilotes que de combinaisons entre systèmes d’exploitation, architectures de bus, voire commutateurs et sous-systèmes de stockage. Bien des projets ont même été retardés en raison de l’absence du pilote adéquat. En effet, même si SCSI-3 devrait être suffisant, le mécanisme d’obtention de certaines informations n’est pas toujours parfaitement standardisé. C’est le cas pour les paramètres du port auquel la carte est reliée, ainsi que pour la découverte des propriétés des n?”uds connectés et de leurs identifiants (les WWN, ou World wide names, comparables aux adresses MAC de l’Ethernet). De plus, certaines requêtes provoquent des erreurs lorsque les fonctions correspondantes ?” par exemple, la gestion d’un niveau de Raid ?” ne sont pas supportées par le sous-système. La mise en ?”uvre du LUN Masking ?” qui s’appuie sur la découverte, à partir des cartes adaptateurs, des volumes visibles ?” n’est pas non plus normalisée. Ce procédé d’attribution des espaces de stockage est, de plus, incompatible avec le persistent binding, ce qui peut aussi compliquer le déploiement d’un SAN hétérogène.Autre difficulté : le comportement des systèmes d’exploitation vis-à-vis des fabrics et des périphériques est très disparate.La solution peut passer par le déploiement, sur chaque serveur, d’autant de pilotes différents que de périphériques (souvent, ce sont les bibliothèques de cartouches à bande qui induisent le plus de difficultés). Pour réduire ces risques, le SNIA (Storage Networking Industry Association) a publié, en début d’année, deux codes source dédiés aux systèmes NT et Unix, qui fournissent des interfaces de programmation baptisées HBA-API (Host bus adapter-Application programming interface).Outre leur rôle d’implémentation homogène des standards existants ?”SCSI-3 en tête ?”, ces API offrent l’accès à certaines fonctions propriétaires des sous-systèmes de stockage, comme la copie locale. Vingt-cinq constructeurs se sont engagés à supporter HBA-API, aussi bien pour les cartes adaptateurs que pour les commutateurs et sous-systèmes de stockage.

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Thierry Lévy-Abégnoli