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L’ingénieur systèmes: savoir cultiver la curiosité

Le métier d’ingénieur systèmes nécessite une compétence technique très forte. Il séduit de moins en moins les ingénieurs de formation, qui laissent la place aux techniciens supérieurs.

Ouverture d’esprit, très hautes connaissances techniques et richesse d’expériences… Telles sont les trois qualités essentielles pour devenir un ingénieur systèmes. Pas surprenant, dans ces conditions, que ces profils expérimentés soient une denrée rare sur le marché. “Ce poste nécessite une très grande compétence technique, reconnaît Patrick Jouan, directeur du cabinet de recrutement Websearch. Leur tâche est ardue. Les entreprises n’utilisent jamais un seul système d’exploitation. Il existe dans les environnements ouverts, par exemple, des ingénieurs systèmes Windows et Unix. De plus, le monde Unix n’est pas homogène. On dénombre autant de versions que de constructeurs. Sans oublier les autres environnements, comme les mainframes. Chacun de ces systèmes fait appel à des compétences pointues, qui ne s’acquièrent que par la pratique.” De plus, selon Patrick Jouan, ce métier n’est pas très reconnu par les étudiants qualifiés : “Les ingénieurs ne sont pas attirés par de telles fonctions, souvent jugées trop ingrates. Ils recherchent en priorité des postes de recherche et développement, bien plus nobles à leurs yeux. C’est pourquoi l’on rencontre régulièrement dans ce métier un nombre important d’autodidactes et de techniciens supérieurs. Leur expérience compense alors les diplômes.”Les entreprises ne font toutefois pas jeu égal dans cette course. Faute de séduire les jeunes fraîchement sortis de l’école, celles de taille moyenne privilégient l’expérience par rapport au titre. Ensuite, on s’en doute, les plus grandes attirent plus facilement les jeunes diplômés. “La renommée de notre société constitue notre première force. De nombreux jeunes diplômés ou ingénieurs expérimentés souhaitent rejoindre nos rangs afin de travailler sur nos plates-formes. Cela se ressent aussi pour les postes d’ingénieurs systèmes, reconnaît Pascale Daumezon, directrice des ressources humaines chez Sun Microsystems France. Mais nous ne sommes pas exclusifs. Nous ciblons deux profils types. Les premiers sont plutôt des techniciens qui ont acquis l’expérience de nos systèmes. Les seconds ?” ceux que nous préférons recruter ?” sont des ingénieurs. Deux raisons à cela : les très bons bacs + 2 se font rares sur le marché car, souvent, ils préfèrent poursuivre leurs études après leur diplôme de premier cycle. Ensuite, les ingénieurs ont potentiellement une dynamique de carrière plus rapide et disposent d’une ouverture d’esprit et d’une capacité d’adaptation globalement plus importantes.” Ces deux qualités sont très prisées des entreprises : “Face à l’impossibilité de connaître tous les systèmes d’exploitation, la seule solution pour pallier cette faiblesse est de cultiver la curiosité”, assure David Robert, responsable systèmes et réseaux chez Generix, un éditeur français de progiciels intégrés. En apportant toutefois une nuance : “Cantonner un ingénieur systèmes au rôle de sapeur-pompier est très réducteur. Son expérience doit lui permettre de faire évoluer sa fonction au sein de l’entreprise. Il pourra alors se charger de la planification et de l’évolution du système d’information. Il devra, pour cela, travailler de conserve avec tous les services de l’entreprise et se tenir constamment informé ?” par exemple, des mouvements en termes de ressources humaines afin d’anticiper d’éventuels engorgements des réseaux ou des applications.”

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Xavier Bouchet