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L’industrie du ” x “

Le choix des noms est un élément majeur de toute démarche marketing. Dans l’industrie informatique on commence souvent par choisir une lettre : le ” x “.

Après le succès du Monopoly euro, un éditeur de jeux aura-t-il l’idée de sortir une version informatique du Scrabble ? Suggérons que celle-ci se distingue essentiellement de l’édition classique par la valeur accordée à la lettre ” x ” : de dix points elle n’en vaudrait plus qu’un. En effet, rare en français comme en anglais, la vingt-quatrième lettre de l’alphabet est des plus courantes dans le monde de l’informatique où les gourous de la dénomination la plébiscitent.Des derniers produits vedettes de Microsoft ?” xBox et Windows XP ?” aux systèmes d’exploitation Unix et Linux, des logiciels X Press et ActiveX au système de multifenêtrage X Window, du langage XML aux éditeurs MatrixOne ou Micrografx, le ” x ” est partout. Et lorsque le système d’exploitation du Macintosh passe à sa version 10, il devient commodément Mac OS X.Le ” e “, le ” i ” ou le ” m ” ont également eu leurs heures de gloire, mais transcendant les modes, le ” x ” demeure. Lettre communément liée au mystère, elle conserve son pouvoir d’attirance et de fascination. Comme si l’informatique restait quelque chose d’occulte, d’un peu surnaturel, procédant d’arcanes secrètes. Pour le novice, elle souligne la magie de la technologie ; pour l’expert, elle conforte le sentiment d’appartenir à une caste d’initiés. N’est-il pas en effet celui qui, comme un agent secret, maîtrise le ” code ” ?Le ” x ” est également la lettre de l’interdit, de l’extrême : là encore, il définit ?” quasiment visuellement ?” une barrière entre ceux qui savent, ceux qui ont vu, goûté, touché, et les autres. Il y a un ” en deçà ” et un ” au-delà ” du ” x “, forcément stimulant quel que soit le côté où l’on se trouve.Mais maintenant que l’on ouvre, que l’on standardise, que l’on” user-friendlise “, quel est l’avenir du ” x ” ? Disparaîtra-t-il pour ne pas effrayer la ménagère de moins de 50 ans ? Relégué aux couches technologiques les plus basses, subira-t-il le sort du mot électronique, à la pointe du progrès dans les années 60 et aujourd’hui synonyme de plomberie ? Ne le souhaitons pas, car avec lui linformatique perdrait un peu de son mystère, et donc de son charme.

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Jean-Baptiste Dupin