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L’industrie du disque nie le fiasco des solutions de filtrage

Certains sites se font l’écho des mauvais résultats de tests menés sur le filtrage des réseaux P2P. Les maisons de disques démentent.

La question du filtrage des réseaux de peer to peer revient sur le tapis. Internet Evolution, une filiale de l’éditeur d’informations pour professionnels Techweb, vient de publier sur son site les résultats d’une
étude menée sur le sujet par l’industrie du disque, et qui était jusqu’ici demeurée confidentielle. Désirant évaluer l’efficacité des solutions de filtrage chez les FAI, le Snep (Syndicat national des éditeurs phonographiques) avait procédé à des
premiers tests entre avril et octobre 2007.Selon les résultats dévoilés en ligne, ces solutions se seraient montrées inégales, tant au niveau de la détection des paquets issus des réseaux peer to peer que du blocage des données illicites, selon les
protocoles utilisés. Dans le pire des cas, le taux de détection tombe à mois de 1 %. A la lumière de ces résultats certains blogueurs n’ont pas hésité à parler de véritable fiasco.La réaction de l’industrie du disque ne s’est pas faite attendre. ‘ Je ne nie rien des résultats qui ont été publiés. Mais le compte-rendu et l’analyse qui en ont été faits sont faux. Il n’y a pas de
fiasco,
s’insurge Hervé Rony, directeur général du Snep, Notre démarche n’était pas polémique mais scientifique. La question était de savoir si l’on pouvait filtrer les protocoles peer to peer chez les FAI
sans paralyser le reste du trafic ? ‘

Les données cryptées impossibles à filtrer

Le test a été mené dans des conditions proches du réel : les solutions de filtrage devaient analyser 250 000 paquets par seconde avec plusieurs dizaines de milliers de sessions peer to peer lancées
simultanément sur les protocoles BitTorrent, eDonkey, Gnutella, iMesh, FastTrack, WinMX, DirectConnect, MP2P ou Filetopia. Le tout mélangé avec des milliers de sessions de messagerie (POP3, SMTP) ou de transfert de fichiers (FTP) et de plusieurs
millions de sessions Web (HTTP).Ainsi le taux de détection des fichiers piratés s’est révélé très satisfaisant sur BitTorrent, eDonkey et Gnutella, les protocoles peer to peer les plus utilisés dans le monde. Dans ce cas, les paquets ont été
repérés avec un taux d’erreur de 10 %. En revanche, ce taux grimpe entre 55 et 95 % sur des réseaux moins populaires comme Soulseek, Imesh et Filetopia. Pire, les solutions de filtrage n’ont pu identifier le protocole WinMX dans 99 %
des cas.Sur la capacité des solutions testées à filtrer le réseau, là encore, les résultats seraient inégaux. Leur capacité à bloquer le contenu illicite aurait été efficace à 90 % sur les protocoles BitTorrent et MP2P. Mais le taux de
filtrage tomberait à 60 % sur DirectConnect par exemple. Plus inquiétant, les logiciels testés auraient été presque incapables de filtrer les paquets provenant de iMesh, WinMX ou Soulseek.Quant au cryptage des données échangées sur les protocoles peer to peer, il compliquerait encore la tâche des solutions de filtrage. Les taux de détection seraient alors quasiment nuls.‘ Beaucoup de sociétés se positionnent sur le filtrage, mais elles ne sont pas forcément prêtes. Les solutions techniques sont en constante évolution et s’améliorent. Certaines se sont montrées efficaces. D’autres
ont échoué, et ont préféré se retirer de l’étude ‘,
commente Hervé Rony.Le Snep n’écarte pas la possibilité d’organiser d’autres tests. Depuis la première expertise, une dizaine d’entreprises auraient développé des produits de filtrage jugés efficaces. Toutefois, un accord de confidentialité empêche
l’industrie du disque d’en dévoiler l’identité. ‘ Il n’existe pas de solutions miracles contre le téléchargement illicite. Il faut multiplier les avertissements envers les pirates, être pédagogues, continuer à développer des
offres légales. Et mettre en place des solutions de filtrage afin que télécharger sur les protocoles
peer to peer ne soit pas plus confortable que d’acheter de la musique sur un site légal ‘, conclut
Hervé Rony.

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Hélène Puel