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L’imposture de l’imposture

Le livre de François de Closets et Bruno Lussato L’Imposture informatique (1) est proprement renversant. Déjà, la double signature sous un titre unique est une imposture,…

Le livre de François de Closets et Bruno Lussato L’Imposture informatique (1) est proprement renversant. Déjà, la double signature sous un titre unique est une imposture, car il s’agit en fait de deux livres : l’un signé du premier auteur (pages 1 à 162), l’autre du second. Et ces deux livres n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Le premier est un pamphlet joliment écrit, mais totalement creux sur les malheurs de l’utilisateur lambda de micro-ordinateur. Dans ce style de littérature, Umberto Eco (2), qui est cité par ailleurs et à qui – le pauvre ! – ce livre est dédié, est beaucoup plus amusant. On ne peut donc que plaindre l’auteur de ce demi-livre, qui se vante de ne jamais avoir dépassé le stade de la machine à écrire depuis vingt ans qu’il utilise l’ordinateur. Une telle capacité de résistance, c’est rare ! Au passage, on notera le grand nombre de pensées profondes : “Mais, me dira-t-on, qui peut le plus peut le moins.” Ou encore : “ Les ingénieurs, qui pourraient éventuellement porter un jugement sur les grands choix techniques, ne s’en soucient pas.”Bref, François de Closets trouve tout trop cher, trop compliqué, et il met 162 pages à nous le dire. Le second livre est une histoire de l’électronique et de l’informatique revue et sacrément corrigée par Bruno Lussato – pourtant qualifié par le premier auteur de ” pionnier de l’informatique ” -, dans laquelle on se rend compte avec tristesse que personne n’a jamais reconnu les mérites visionnaires de ce grand penseur. Pourtant, il nous explique comment il a su reconstruire l’informatique du BHV. Là où enfin les deux li-vres se rejoignent, c’est sur deux découvertes étourdissantes : premièrement, tout ça, c’est la faute d’IBM et de Microsoft ; deuxièmement, l’avenir, c’est l’informatique nomade, parée, elle, de toutes les vertus que les autres n’ont pas. Enfin, à la fin du livre, Bruno Lussato se confie : “En ce 15 août, je me trouve à Saint-Tropez (…). Vraiment, ce village de pêcheurs autrefois si charmant, ne brille pas par son bon goût…” Ces deux auteurs non plus.(1) Editions Fayard ; (2) Comment voyager avec un saumon , Grasset.

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Luc Fayard