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L’explosion du commerce B to B européen : une affaire de temps

Le commerce interentreprises sur Internet prend, en Europe, un envol beaucoup plus lent que prévu. Mais le retour sur investissement devrait être bien réel une fois effectuées les nécessaires réorganisations que devront entreprendre les entreprises pour en profiter.

L’assèchement du capital-risque a freiné le développement du commerce B to B en Europe. Lors de leur symposium de printemps, les analystes du cabinet américain GartnerGroup ont avancé cette explication au démarrage poussif du marché européen du B to B.Celui-ci a atteint 81 milliards d’euros en 2000, c’est-à-dire 0,3 % des échanges interentreprises. Sa croissance a tout de même été de 294 %, mais elle se situe nettement en dessous des prévisions. En effet, les attentes vis-à-vis des places de marché ont été largement irréalistes. “En Europe, très peu de places de marché fonctionnent à l’heure actuelle, indique Petra Gartzen, directrice de recherche au GartnerGroup. Seules quelques-unes ont atteint la masse critique dans la vente de commodités ou dans les achats indirects. C’est le cas de Band-X (télécoms), de ChemConnect (chimie), de Freemarkets (équipements industriels), ou encore, d’Eu-Suppliers (BTP).”En fait, les places de marché constituent l’exemple type du concept survendu. Leur rôle n’est pas limpide, et encore moins leur modèle économique.

De nombreuses places de marché ne résisteront pas

Les fournisseurs ne sont pas prêts à payer pour commercer avec leurs anciens clients. Les concepts fondateurs des places de marché évolueront lors d’expériences successives ; le nombre de places de marché laissées sur le bas-côté de la route sera important. Toutefois, la réduction des coûts et l’accroissement de l’efficacité apportés par l’e-business sont, eux, bien réels. Le GartnerGroup conclut que l’explosion du B to B n’est qu’une affaire de temps, celui que les grandes entreprises mettront à se réorganiser pour en profiter. “Les entreprises doivent oublier l’idée d’une ruée vers l’or, comme celle que l’on a connue avec le B to C. Avec le B to B et les places de marché, l’or est à chercher vers un avantage compétitif à long terme, tiré de l’intégration d’Internet au modèle économique de l’entreprise. Cela prendra du temps, mais le retour sur investissement sera au bout de la route”, précise Petra Gartzen. Ainsi, le vrai démarrage des places de marché publiques devrait se produire en 2003, après deux années pilotes et expérimentales. Elles ne devraient toutefois représenter que le tiers des échanges B to B en ligne en 2004.Pratiquement, le commerce interentreprises se propagera de proche en proche, depuis les cinq cents plus grosses entreprises jusqu’aux plus petites. “Les petites entreprises grossiront en servant la demande des grands comptes, et cette tendance touchera chaque secteur, du plus grand au plus petit. Les secteurs de l’électronique-informatique, de la chimie et de l’automobile sont les mieux placés pour ce développement du B to B”, renchérit Petra Gartzen.

Des créations de places de marché en cascade

Ainsi, les places de marché sont le plus souvent créées par les plus gros acheteurs. Les fournisseurs de rang 1 sont ensuite obligés d’agir de même, s’ils veulent tenir leurs objectifs de baisse de prix, et créent leur place de marché à leur tour. Les exemples des créations de Covisint et de SupplyOn dans l’automobile, ou de GlobalNeteXchange et de Transora dans les produits de grande consommation sont bien représentatifs de cette tendance.

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Jean-François Masler