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L’expatriation sans tapis rouge

Partir, c’est aussi s’installer. Reconstruire une vie familiale, sociale. Récit.

Aéroport international de San Francisco. Samedi 17 novembre, 8 h 30 du matin. Le vol United Airlines en provenance de Tokyo vient d’atterrir. Jean Pommier, vice-président Amériques d’Ilog, récupère bagages et voiture. Direction : Cupertino. “Le fief d’Apple”, sourit-il. Le fief de sa famille, aussi. Ses trois garçons et son épouse, Agnès, l’attendent impatiemment dans leur petite maison coquette, nichée au c?”ur d’un quartier résidentiel digne d’une série télé. “Il n’est pas facile de s’intégrer ici, commente Jean Pommier. Question de culture, mais également de mobilité, en particulier dans la Silicon Valley. Les gens d’ici sont peu attachés aux choses ou aux gens. Ils sont plutôt superficiels. Et puis, il y a pas mal d’étrangers, mobiles par nature.”Sans oublier que les prix de l’immobilier rendent pratiquement illusoire l’acquisition d’une maison là-bas. Tout est cher… L’école privée, par exemple, parce que, même si les Pommier ont fait le choix du secteur public, ce dernier ne prend en charge les enfants qu’à partir de 6 ans, un âge que le benjamin n’a pas encore atteint. Et pour parer à la qualité “différente” des enseignements du système d’État, les aînés suivent aussi les cours du Centre national d’éducation à distance (Cned). Lourd à gérer pour la maman et les enfants, et onéreux…“Et puis, si le “package” proposé par l’entreprise couvre cela, il faut tout de même préciser que ce n’est pas de l’expatriation “tapis rouge””, insiste le chef de famille. Les aspirations professionnelles de Jean Pommier ne le destinaient pas vraiment à une installation en Californie. Quand il s’engage dans le secteur recherche et développement d’Ilog, en avril 1987, il envisage encore de créer au Japon un poste de veille stratégique en intelligence artificielle. Il s’initie même à la langue en 1988, mais son service civil le mènera au Cern (Centre européen pour la recherche nucléaire, à l’origine du web), à Génève… avant de revenir vers Ilog et d’y réaliser l’essentiel de sa carrière professionnelle.Jusqu’à ce jour de la fin 1998. Le responsable du consulting d’Ilog aux États-Unis quitte l’entreprise. Jean Pommier accepte de reprendre ses fonctions, qu’il ajoute à celle de responsable des consultants Ilog pour l’Europe et le reste du monde. “L’année suivante, raconte-t-il, l’entreprise s’est restructurée en divisions métiers. J’ai commencé à assumer des responsabilités beaucoup plus larges aux États-Unis.” Plus de pouvoirs là-bas, mais un coup de frein en France : Jean n’appartient plus à ce comité exécutif quil fréquentait auparavant. Quand il rapportait directement à Pierre Haren, le PDG. Entre-temps, il est vrai, Ilog a grandi…

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Michel Gassée