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L’Europe selon WAP

Fait rarissime, l’Amérique a raté une révolution high-tech. Mi-fascinée mi-inquiète, elle observe l’explosion sur le Vieux Continent du téléphone mobile, et surtout du WAP: l’accès à Internet via un cellulaire.

Croiser dans la rue des gens parlant seuls, un combiné collé à l’oreille, ne nous surprend plus de ce côté-ci de l’Atlantique. Pour un Nord-Américain, c’est tout simplement stupéfiant. A tel point que des journaux comme Fortune et ou le Time ont récemment publié des reportages sur un phénomène qui débute à peine au pays de l’Oncle Sam. Ce dernier n’arrive en effet qu’au 22e rang des pays les plus utilisateurs de téléphonie mobile, loin derrière l’Italie, le Portugal, la Grèce, et même l’Espagne. De fait, deux-tiers des Scandinaves et plus de la moitié des autres Européens ont déjà un portable en poche, contre seulement 30 % des Américains.L’explication est déjà largement connue : des acteurs européens leaders dans ce domaine, à l’instar de Nokia et d’Ericsson, et une norme unique GSM adoptée dans tous les pays du Vieux Continent. Mais ce qui intrigue encore plus l’Amérique, c’est la rapidité avec laquelle les Européens ont décidé de transformer cette petite boîte de quelques dizaines de grammes en une porte d’accès à Internet. En évitant par là même, le bon vieux gros micro-ordinateur made in USA.Tous les capitaux-risqueurs américains qui débarquent aujourd’hui en Europe, et ils sont légion, n’ont généralement qu’un seul mot en bouche : WAP ?” Wireless Application Protocol ?”, autrement dit, le protocole permettant de se connecter à Internet via un mobile. Le B-to-B, le B-to-C, le streaming vidéo, le commerce électronique, l’e-marketing : tout cela, ils connaissent bien, et ils cherchent, éventuellement, à subventionner un modèle qui aurait déjà fait ses preuves chez eux. Mais le WAP, là, ils sont ” babas d’admiration ” et prêts à l’importer chez eux dès que possible ! Certes, le WAP a été défini dans la Silicon Valley, mais par un Français, Alain Rossman, PDG de Phone.com.Appareils de réception, logiciels, contenus, outils de sécurité, services : c’est toute une partie de la Net-économie européenne, de Stockolm à Madrid, qui gravite désormais autour du WAP. Les titres les plus spéculatifs en Bourse ? le WAP avec par exemple la SSII française Coherix Atis qui en a fait son étendard. Les plus grandes levées de fonds ? Encore le Wap, à l’instar de la start-up espagnole myalert.com qui a reçu il y a quelques jours 300 millions de francs. Même des grands groupes traditionnels comme Vivendi ?” avec son portail Vizzavi ?” ne jurent plus que par le WAP. Sacré bleu, on va leur montrer aux ” Ricains “, que l’on peut innover, nous aussi !Reste que les premières expérimentations WAP suscitent souvent la déception. Un téléphone mobile est-il vraiment le meilleur support pour consulter Internet ? Et, cerise sur le gâteau, les scientifiques commencent à évoquer les dangers du téléphone portable sur la santé. Dans l’Hexagone, une proposition de loi suggère même l’interdiction des mobiles pour les mineurs.Oui, les risques davoir fait fausse route existent, mais un peu partout en Europe, ” In Wap, we trust ” est pourtant devenu la devise de beaucoup.Prochaine chronique le vendredi 1er septembre

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Didier Géneau, rédacteur en chef délégué