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L’été meurtrier

Levées de fonds reportées aux calendes grecques et faillites en série, la période estivale a été cruelle pour les start-up. Fini le temps des sprinters sans souffle. L’avenir appartient désormais aux marathoniens.

C’était l’événement de la rentrée le plus attendu de l’Internet parisien : l’inauguration d’Amazon.fr. Et la fête organisée mardi 29 août par le célèbre libraire en ligne américain sur onze péniches amarrées en face de la BNF se voulait grandiose et furieusement ” tendance “. Ce fut un flop pathétique. En moins d’une heure, une grande partie des 4 000 invités s’était enfuie, déconcertée par l’absence de petits fours et frustrée de n’avoir pu s’approcher de Jeff Bezos, le très médiatique patron d’Amazon, entouré pour l’occasion d’une cohorte de gardes du corps.
Et si ce dernier a multiplié les éclats de rire tonitruants qui ont tant contribué à sa légende, il s’est bien gardé de donner aux journalistes présents la moindre information sur les objectifs de sa nouvelle filiale française. Prudence, prudence…Il va falloir se faire une raison : les paillettes et le strass ne sont plus de mise dans la Net-économie. Et si les perspectives de l’e-commerce et d’Internet sont toujours aussi fabuleuses, la discrétion et la rigueur sont désormais des valeurs en hausse. Signe supplémentaire de ce changement d’attitude : même les publicités dot-com qui s’affichaient en début d’année sur les taxis parisiens ont disparu de la circulation…Les raisons de cette transformation ? Evidemment le krach boursier du printemps dernier, qui a brisé le modèle magique et irrationnel de la start-up qui fait fortune en quelques semaines. Les effets secondaires de ce renversement de situation sont désormais visibles aux Etats-Unis, où plus un jour ne passe sans qu’une société Internet ne glisse la clef sous la porte. A tel point, d’ailleurs, que les sites Web répertoriant les faillites de la nouvelle économie se sont multipliés à gogo. Sur certains d’entre eux, il est même possible de parier sur les chances de survie de telle ou telle dot-com.La France n’est guère épargnée. Des dizaines de start-up hexagonales ont désormais l’oeil rivé sur une trésorerie fondant comme neige au soleil, avec l’espoir sans cesse retardé d’une prochaine levée de fonds ou d’une introduction en Bourse. Alidoo.fr, le portail des gentils animaux de compagnie, lui, n’a pas résisté. Il s’est débranché en juillet, faute d’avoir pu convaincre les fauves de la finance de lui offrir un nouveau sursis. Même notre confrère start-upTV a cessé d’émettre depuis quelques semaines. Destiné aux professionnels européens de la nouvelle économie, il avait pourtant inventé un nouveau type de journalisme Web, grâce au mixte de toutes les technologies existantes.” La première qualité que j’attends aujourd’hui chez un créateur de start-up ? Sa capacité à durer. “ Chez ce capital-risqueur français, les critères de choix sont désormais très clairs : arriver le premier sur un créneau n’est plus une garantie de succès. Par la qualité de son management, la connaissance de son métier ou le montant de ses premiers financements, une start-up doit démontrer qu’elle est prête à une longue traversée du désert avant d’atteindre lEldorado de la nouvelle économie. Le temps des friconautes est déjà derrière nous…Prochaine chronique le vendredi 15 septembre

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Didier Géneau, rédacteur en chef délégué