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L’Etat veut faire crédit aux jeux vidéo

En demandant à Bruxelles la possibilité d’instaurer un mécanisme de crédit d’impôt à la production, les ministres de la Culture et de l’Industrie répondent à une vieille revendication du secteur du jeu
vidéo.

La Culture et l’Industrie. Ils étaient deux ministres, mercredi 12 octobre, à venir défendre l’industrie française du jeu vidéo. En visite au studio d’Ubisoft de Montreuil, Renaud Donnedieu de Vabres et
François Loos ont ainsi confirmé les pourparlers avec la Commission européenne, dans le but d’instaurer un crédit d’impôt à la production pour le secteur.Renaud Donnedieu de Vabres a évalué le montant de cette aide à 30 millions d’euros, qui ne seraient pas pris sur les crédits d’autres secteurs comme le cinéma ou la musique, et espère voir ce mécanisme mis en place
‘ dès les premiers mois de 2006 ‘. ‘ Cet engagement a un double but, a expliqué le ministre de la Culture, d’une part soutenir ce qui est une industrie culturelle à part
entière et d’autre part contribuer à la diversité culturelle en Europe ‘.
Le mécanisme du crédit d’impôt est simple : une partie des sommes (encore à définir) investies dans la production sont déduites de l’impôt dû par les sociétés et reportées sur les exercices suivants, ce qui permet de
lisser les besoins de trésorerie. Les plus petits studios, qui ne payent pas encore d’impôts, espèrent quant à eux que ce crédit, dont les modalités sont encore en discussion, pourrait se traduire par une avance du fisc et ainsi être
mobilisable immédiatement. Cette mesure est particulièrement adaptée à un secteur qui doit engager des fonds importants au moment du développement, pour n’en toucher les bénéfices que bien plus tard, à la commercialisation.

Bruxelles doit encore donner son feu vert

L’initiative a été particulièrement bien accueillie par les professionnels, qui en avaient fait depuis longtemps une de leurs revendications. ‘ C’est une excellente nouvelle et cette aide est
d’autant plus la bienvenue qu’avec la nouvelle génération de consoles, les coûts de développement sont une fois et demie à deux fois supérieurs à ce qu’ils étaient ‘,
se félicite Jean-Claude Larue, le
délégué général du Sell (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs).Mais il est encore trop tôt pour s’enthousiasmer, remarque Emmanuel Forsans, fondateur de l’AFJV (Agence française pour le jeu vidéo). Il faut en effet que la mesure soit acceptée par la Commission européenne, mais aussi
qu’elle ne soit pas détournée de sa vocation de soutien aux studios hexagonaux. ‘ Ce mécanisme nécessite une comptabilité très précise, mais on peut craindre que, sans contrôles stricts, certains cherchent à en
bénéficier en surfacturant les travaux effectués en France, tout en délocalisant le reste de leur production ‘,
analyse-t-il.Après avoir longtemps essayé de se faire une place parmi les disciplines audiovisuelles, l’industrie française du jeu vidéo est en train de se structurer comme un secteur à part entière. Elle a payé de lourds dividendes à
l’explosion de la bulle Internet (les emplois dans le secteur de la création sont passés de 5 000 à 600 environ, selon Jean-Claude Larue) et l’existence d’une hypothétique french touch a fait long feu.Aujourd’hui, grâce à une croissance toujours soutenue et dans la perspective d’une bonne campagne de Noël, elle se porte mieux, revendique sa compétence technologique (sur les nouvelles consoles et les téléphones mobiles
notamment) et ne demande qu’un léger coup de pouce afin d’assurer sa pérennité. Si elle se concrétise, cette mesure devrait y contribuer largement.

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Jean-Baptiste Dupin