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Les vidéos en ligne sèment la zizanie dans le paysage politique

La vidéo de Nicolas Sarkozy insultant un visiteur impoli au Salon de l’agriculture fait un carton auprès des internautes. Dernier exemple du poids des vidéos dans la vie politique française.

C’est le film à succès du week-end. Et ni les Césars ni les Oscars n’y sont pour quelque chose. Apparue samedi soir sur
LeParisien.fr, la vidéo de Nicolas Sarkozy insultant un visiteur impoli au Salon de l’agriculture à Paris (voir plus bas) a passé le cap du million de visionnages, selon le
site du quotidien.Le film, d’une durée de quarante-cinq secondes, a vite été repris partout. Sur Dailymotion, ils sont des dizaines à l’avoir posté. Même chose sur YouTube, où une copie a été vue 650 000 fois.A cause du bruit de la cohue, l’équipe de journalistes de YouPress qui a filmé la séquence n’a rien entendu sur le coup. ‘ Mais quand on a vu la vidéo, on savait que cela ferait un gros
buzz ‘,
indique François-Luc Doyez, journaliste au sein de ce collectif. Mais pas à ce point. Quand il a quitté les locaux du Parisien, à qui la vidéo a été proposée, François-Luc Doyez est allé assister
au match de rugby France-Angleterre. De retour chez lui, la vidéo était partout, de Dailymotion à Libération.fr. ‘ En deux-trois heures, le temps d’un match ‘, résume le journaliste.

‘ Du quasi temps réel ‘

Cet exemple est le dernier en date, amplifié par la personnalité et la fonction de Nicolas Sarkozy, d’une vidéo postée sur Internet qui témoigne d’un dérapage d’une personnalité politique. La campagne électorale pour les
municipales 2008 est, comme la présidentielle de 2007, propice à ce genre de fuites
(voir notre florilège).‘ Les politiques veulent être présents sur Internet, commente Mathieu Maire du Poset, du magazine en ligne
iPol.
Le problème, c’est que la majeure partie d’entre eux ne maîtrise pas l’outil, n’en a pas la considération qu’il faudrait. Or parfois, plutôt que de mal faire, il vaudrait mieux
ne rien faire. ‘
Aujourd’hui, difficile d’imaginer une réunion plus ou moins privée, ou au moins en petit comité, sans que quelqu’un allume la caméra de son téléphone mobile ou de son appareil photo. Le contenu peut ensuite se retrouver illico en ligne,
sans passer par aucun filtre. ‘ Les politiques ne font pas attention, continue Mathieu Maire du Poset. Certains se disent que ce n’est pas grave, sans se rendre compte qu’Internet, c’est quasi du temps réel ‘.
Et qu’un internaute seul dans son coin peut maintenant publier quelque chose, sans avoir à en référer à un directeur de publication, sans même dire qui il est.‘ Il n’y a plus aucun problème de production de petits films et une démocratisation du pouvoir de diffusion,confirme Benoît Thieulin directeur de l’agence de communication la Netscouade (qui a travaillé
pour Ségolène Royal). Il faut que les politiques intègrent l’idée qu’ils ne peuvent plus tenir de propos privés, d’aparté, dans des situations publiques ‘.

Aux Etats-Unis, des gens sont payés pour traquer la bourde… voire la provoquer

En revanche, les militants, eux, commencent à comprendre qu’on peut ‘ faire des coups ‘ grâce à Internet. ‘ On le voit souvent avec des créations de compte, sur Dailymotion ou YouTube,
qui ont eu lieu vingt-quatre heures avant la publication d’une vidéo ‘,
explique Nicolas Voisin, créateur du Politc’Show et de l’hebdomadaire en ligne six35.fr. C’est-à-dire qu’ils ont été créés exprès pour poster
une vidéo ‘.
Les médias traditionnels, presse ou audiovisuel, n’auraient peut-être pas montré Françoise de Panafieu insultant Bertrand Delanoë ou Jean Sarkozy déclarant, en décembre 2007, qu’il soutenait ‘ à
mort ‘
David Martinon à Neuilly-sur-Seine. Mais ils ont fini par en parler, suite à l’effervescence constatée en ligne. ‘ La boulette de Panafieu sur Canal Plus est passée relativement
inaperçue,
raconte Mathieu Maire du Poset. Mais elle a été reprise par des sites, Panafieu est allée s’excuser sur LCI et du coup, ça a pris de l’ampleur ‘.Une certitude : les politiques ont désormais bien conscience qu’il leur faut être présent sur Internet, via un site, un blog, une Web TV, des vidéos, etc. ‘ Ils ont compris qu’on ne gagnait ni ne perdait une
élection avec Internet.
Mais qu’ils peuvent perdre en crédibilité s’ils ne sont pas sur Internet ‘, estime Nicolas Voisin.Reste à maîtriser ce qui est dit et montré d’eux sur le Web. ‘ Aux Etats-Unis, les candidats paient des gens pour filmer tout ce que fait et dit le candidat d’en face. Ils guettent la bourde. Voire la
provoquent… ‘
explique Benoît Thieulin. En France, on l’aura compris, on en est aux balbutiements.

La vidéo de Nicolas Sarkozy au Salon de l’agriculture publiée à l’origine par le site Internet du ‘ Parisien ‘ :

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Arnaud Devillard