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Les transmissions par satellite ne sont pas réservées à l’international

L’usage du satellite ne connaît pas l’explosion attendue depuis plusieurs années. Rares sont les PME à se lancer dans l’aventure, malgré des avantages certains.

Comment établir rapidement et à moindre coût une liaison voix-données entre un siège central et plus d’une centaine de sites répartis aux quatre coins du monde ? En 1997, le ministère des Affaires étrangères a bien été obligé de se pencher sur la question pour mettre en place un réseau de communication efficace vers ses multiples ambassades et consulats. Installer des lignes filaires au fin fond de l’Afrique ou de l’Amérique du Sud était impensable. Une seule solution subsistait : le satellite. Le ministère a retenu l’offre de France Télécom. “En Afrique, 70 sites ont été équipés en quatre mois seulement. Aujourd’hui, nous pouvons communiquer avec 150 sites en Europe de l’Est, en Amérique Latine ou encore au Moyen-Orient”, précise Yves Le Rolland, responsable réseaux et télécoms du Quai d’Orsay. Coût du système, rien que sur le continent africain : 10 millions de francs (1,52 million d’euros) annuels pour une liaison voix-données à 512 kbit/s sur les 85 sites désormais équipés.
Toutes les informations émises par le ministère sont acheminées sur une ligne spécialisée à 2 Mbit/s vers une des stations satellitaires centrales de France Télécom. Voix et données sont ensuite transmises vers l’un des trois satellites loués par l’opérateur, suivant la destination finale : chaque satellite correspond à une couverture géographique déterminée. Une bande passante de 512 kbit/s est allouée au trafic descendant, dont 384 kbit/s pour la partie données. En bout de chaîne, les informations sont récupérées par la parabole placée sur le toit de l’ambassade ou du consulat, puis traitées par un commutateur PES (Personal Earth Station ou station terrestre personnelle) avant de rejoindre le réseau interne du site.

Réduire les temps de téléchargement

Si les réseaux satellitaires pallient les difficultés d’accès géographique, ils permettent également de transmettre des informations simultanément sur tous les points de réception. “C’est précisément ce qui nous a poussés à utiliser le satellite”, assure David Delcroix, chef de projet informatique de DigitMac, un éditeur de logiciels de création de médias sonores (musique marketing, musique d’ambiance…). En effet, l’éloignement géographique n’est pas un problème pour cette société de dix personnes, basée à Tourcoing. Mais, lassée de devoir télécharger des fichiers successivement à chacun de ses clients (tous situés en France), DigitMac a vu dans les transmissions par satellite le meilleur moyen de réduire ses temps de téléchargement et de soulager son serveur de communication. Pour le plus grand bénéfice de ses clients : “Nous les équipons à nos frais du matériel de réception nécessaire. En outre, ils n’ont plus à payer les coûts de communications correspondant aux temps de téléchargement par réseau filaire. L’usage du satellite est également un gage de professionnalisme vis-à-vis de nos clients”, remarque David Delcroix. DigitMac a opté pour une connexion à 64 kbit/s, fournie par l’opérateur Polycom, que ce soit en voie montante (par Numéris jusqu’à la station centrale de Polycom) ou descendante. Les cartes de commutation installées chez les clients ont une capacité de 6 Mbit/s, pour prévoir d’éventuelles augmentations de débit. Des ordres d’envoi de fichiers sont enregistrés sur le serveur de communication. “Comme la liaison est en sens unique, nous avons aussi développé un protocole de transfert pour contrôler la qualité de la réception. En cas de problème, le transfert est automatiquement renouvelé par modem “, ajoute David Delcroix.
Les temps de réponse liés aux connexions par satellite sont, logiquement, plus longs que dans le cadre de liaisons filaires. Si cela gêne peu DigitMac (il s’agit de simples transferts de fichiers), le ministère des Affaires étrangères l’a constaté, et même mesuré : “On peut enregistrer un délai supplémentaire moyen de 700 millisecondes, que l’on ressent bien sûr lors des communications téléphoniques. Pour supprimer les échos, il suffit de régler le système téléphonique. Et, pour réduire les temps de réponse sur les transmissions de données, il faut anticiper sur les accusés de réception”, explique Yves Le Rolland. Les perturbations dues aux conditions atmosphériques échappent, en revanche, à tout contrôle humain. La société varoise MétéoMer, qui collecte et diffuse des informations de météo marine (douze personnes), y est parfois confrontée : “La réception peut être perturbée en cas de forte pluie ou de couverture nuageuse importante, avertit Jean Chaize, administrateur système de MétéoMer. Mais cela est dû à la lourdeur des fichiers transmis (photos satellites, etc. ). Dans ce cas, nous utilisons la ligne Numéris à 64 kbit/s qui nous relie à nos fournisseurs d’informations. Matra Grolier Network, notre opérateur, nous avait prévenus des risques dès le départ.”

Deux bandes de fréquences

MétéoMer a souscrit un abonnement d’environ 9 000 F ht (1 371?) par mois pour une liaison satellite à 500 kbit/s, location de l’équipement comprise. Au ministère des Affaires étrangères, aucune perturbation n’est à signaler, malgré la variété des zones climatiques couvertes. Deux bandes de fréquence (dites bande Ku et bande C) sont empruntées suivant l’emplacement du point de réception. La bande C, “plus fiable mais moins performante”, est utilisée dans les zones climatiques difficiles. “Finalement, les perturbations sont plus liées à une mauvaise fixation de la parabole ou à une défaillance du système électrique, ce qui n’est pas rare dans certains pays, plaisante Yves Le Rolland. Il faut d’ailleurs prévoir une bonne protection électrique, pour éviter des délais de remise en service bien plus longs que pour un réseau filaire.”

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JULIE DE MESLON