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Les télécentres français, cahin-caha

Censés dynamiser l’emploi en zones rurales, les télespaces se contentent de vivoter, souvent grâce à des subventions. Seul celui de Villard-de-Lans se porte plutôt bien.

Voulus par les collectivités locales, appuyés par certaines administrations, dont la Datar (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action locale), les télécentres ont fait germer il y a une dizaine d’années de nombreux espoirs. “Grâce aux nouvelles technologies, nous pensions que l’on allait pouvoir s’abstraire des contraintes de transport et des modes de travail traditionnel et exercer désormais notre activité professionnelle dans d’autres lieux que ceux qui lui sont traditionnellement dédiés”, rappelle Bruno Cassette, chargé de mission sur la société de l’information à la Datar. Un sentiment relayé par les élus de certaines communes rurales qui voyaient là l’occasion de redynamiser leur territoire et d’y créer des emplois.

De trop belles promesses

Lancés dans l’euphorie, les télécentres n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Si l’état des lieux reste à faire ?” et la Datar va s’y employer ?” on peut estimer aujourd’hui à moins d’une dizaine le nombre des télécentres en France. La plupart fonctionnent en très large sous-occupation, et ne survivraient pas à l’arrêt des subventions des collectivités locales. “Ceux qui ont réussi, note Bruno Cassette, conjuguent un territoire accueillant, en terme d’environnement, une réelle structuration des acteurs locaux et la mise en place d’outils performants au sein d’un lieu conçu comme un vrai centre de ressources.”Des éléments que l’on retrouve au télespace de Villard-de-Lans, installé à 1 000 mètres d’altitude, sur le plateau du Vercors, où travaillent une quarantaine de personnes. Créé par la communauté de communes du plateau de Villard-de-Lans, cet équipement de 500 m2, divisé en une quinzaine de bureaux et salles de réunions, a ouvert ses portes en 1996. Pour les élus, le télespace est le pivot d’une active politique de diversification économique fondée sur les NTIC, baptisée Vercors Connect.Trois grandes entreprises s’associent au projet du télespace dès le départ : Hewlett-Packard, Schneider Electric et EDF. L’expérience, démarrée avec trois salariés de chacune des sociétés, continue cinq ans plus tard, mais n’a pas été étendue et reste marginale dans ces entreprises. Seule EDF a décidé de développer les expériences de télétravail sous différentes formes.

Vivre et travailler dans le Vercors

D’autres entreprises ?” elles sont neuf aujourd’hui, ?”uvrant dans l’informatique et internet?” ont rejoint le télespace, qui n’a plus actuellement de locaux disponibles et envisage de créer des satellites dans d’autres communes. Pour les salariés, le bilan est nettement positif. Habitant le plateau du Vercors, ils y ont gagné une nette amélioration de leur qualité de vie, et déclarent ne pas trop souffrir de l’isolement grâce à internet. Ceux dont la maison mère est à Grenoble rejoignent leurs collègues de travail au moins une fois par semaine. Comme Valérie Cuaz, qui assure du support informatique chez Schneider Electric. Pour son supérieur hiérarchique, Bernard Vallentin, le principal bénéficiaire est bien le salarié : “Le gain pour l’entreprise est moins évident. Les loyers du télespace sont au même niveau qu’à Grenoble et le télétravailleur doit souvent conserver un bureau daccueil dans son entreprise mère.”Surtout, note Bernard Vallentin, “le télétravail ne fonctionne que pour des métiers particuliers qui utilisent intensément le téléphone . Et ce ne sont pas tous les métiers !”

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Hélène Goyet