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Les suites alternatives à Office gagnent en maturité

Les fonctions des suites alternatives à Office n’ont plus rien à envier au logiciel de Microsoft. Des problèmes de compatibilité persistent cependant, et il faudra vaincre les réticences de certains utilisateurs.

La communauté anti-Microsoft a été la première à s’approprier les suites bureautiques alternatives à Office. Aujourd’hui, ces suites ont conquis de nouvelles entreprises. Parfois pour des raisons politiques, mais aussi pour leur prix. Depuis plusieurs années, l’entreprise de nettoyage industriel Cofigor (qui emploie à Nanterre 100 personnes) utilisait la suite WordPerfect Office sous Windows, de Corel. Il y a deux ans, la direction avait envisagé de ” passer à l’ennemi “, par souci de standardisation : “Mais l’étude comparative Office/WordPerfect Office que j’avais réalisée penchait clairement en faveur de la suite de Corel, se souvient Hervé Ricard, responsable informatique de Cofigor. Microsoft nous facturait cent licences pour trois ans à 450 000 F ht (68 600
?
), contre 180 000 F ht (27 440
?
), assistance comprise, chez Corel. Cet éditeur propose, en outre, des contrats beaucoup plus flexibles : nous pouvons, par exemple, mettre à jour seulement quelques postes et pas l’ensemble du parc, comme l’exige Microsoft.”Chez Intecnet, une petite SSII toulousaine spécialisée dans le logiciel libre, l’économie est encore plus importante : cette jeune société a téléchargé gratuitement sur le web la suite StarOffice (éditée aujourd’hui par Sun), qu’elle a installée sur le double environnement Linux et Windows de ses six postes de travail.

Se familiariser avec un nouvel outil

Les dernières versions de ces suites concurrentes n’ont rien à envier aux fonctions d’Office. On y retrouve les mêmes modules de base : traitement de texte, tableur, présentation, outil graphique, messagerie électronique, etc. “StarOffice repose sur le concept de bureau intégré, explique Christian Jourde, responsable technique d’Intecnet. La suite comprend notamment un agenda, un carnet d’adresses et un gestionnaire d’événements, qui peut être partagé en l’installant sur un serveur. “” Ces suites reprennent globalement les mêmes fonctions que celles d’Office, mais certaines sont moins poussées. De toute façon, personne ne se sert vraiment des fonctions les plus évoluées “, affirme Jean Ferrero, chef de projet informatique chez Otor Papeterie de Rouen, une société qui emploie 450 personnes et utilise, depuis deux ans, ApplixWare sous Windows d’Applix. Nos témoins s’accordent en effet à souligner les possibilités moindres de leurs tableurs par rapport à Excel, comme la création de tableaux croisés dynamiques. En contrepartie, les différents modules de ces suites sont mieux intégrés, “car celles-ci sont nées d’un seul bloc et non pas module après module, comme pour Office “, ajoute Jean Ferrero, faisant principalement allusion à ApplixWare ou StarOffice. Bien que les fonctions les plus courantes soient proposées, il reste aux utilisateurs à se familiariser avec leurs nouveaux outils. Pour Otor Papeterie de Rouen, on parle de véritable résistance humaine au changement. “Difficile de modifier les habitudes de ceux qui travaillent depuis des années avec Office ou SmartSuite de Lotus. Bien que les interfaces se ressemblent, les utilisateurs sont déboussolés par les nouvelles positions des commandes. À tel point qu’aujourd’hui, ils continuent d’utiliser leur suite habituelle, et ne se servent d’ApplixWare que pour la messagerie interne, qui est le seul moyen d’y accéder ! “, regrette Jean Ferrero. Chez Cofigor, en revanche, même les nouvelles recrues ont accepté WordPerfect Office sans difficulté. “Quand on conna”t les fonctions classiques, il suffit de quelques tâtonnements pour trouver rapidement ses repères “, assure Hervé Ricard.
Isolée par un choix bureautique autre que celui d’Office, l’entreprise doit pouvoir compter sur un support technique aussi efficace que celui proposé pour un produit standard. Corel et Applix disposent d’une structure dédiée au support en France et celui de StarOffice (gratuit) est désormais assuré pas Sun. Les mises à jour de cette suite sont téléchargeables dès leur sortie sur le site de l’éditeur. Mais la méconnaissance de ce type de logiciels, y compris par les informaticiens, oblige les prestataires de l’entreprise à se former. Un contretemps qui peut entra”ner un surcoût. Les acquéreurs de ces suites doivent également s’attendre à des problèmes de compatibilité avec l’écrasante majorité de documents Office. Ces problèmes sont plutôt liés à l’importation de fichiers Office qu’à l’exportation de fichiers non Office.

Des suites qui n’échappent pas non plus aux bugs



“Corel a fait de gros progrès en matière de filtres de fichiers, reprend Hervé Ricard, de Cofigor. Mais il y a encore des problèmes de perte de mise en page lorsque nous recevons des fichiers Office un peu sophistiqués. Mieux vaut donc conserver quelques exemplaires de Word ou d’Excel dans l’entreprise.” Cofigor utilise également le format PDF, standardisé, pour transmettre des présentations commerciales stratégiques en toute sécurité. “Pas étonnant que les éditeurs aient du mal à améliorer leurs filtres : Microsoft ne veut pas livrer les spécifications de ses formats ! “, s’exclame Christian Jourde d’Intecnet. Cependant, StarOffice comporte aussi quelques formats propriétaires. Quant aux bugs, largement reprochés à Office, ils sont, de l’avis des témoins, tout aussi présents dans les suites concurrentes. “Mais quand StarOffice bogue, il ne fait pas planter tout Windows ! “, remarque Christian Jourde. La suite est en effet beaucoup moins liée au système d’exploitation que ne l’est Office. Enfin, autre avantage souligné par le responsable informatique de Cofigor,“ces suites nous prémunissent contre les macrovirus, conçus pour infecter les logiciels Microsoft “.

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JULIE DE MESLON