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Les Suédoises n’ont plus la cote

La retentissante faillite de Boo.com ébranle sérieusement le modèle suédois en matière de start-up. Ce modèle avait pourtant fait saliver toute la e-planète.

Avez vous déjà vu la photo de Kajsa Leander, la cofondatrice de Boo.com ? Vous comprendriez alors pourquoi cette superbe jeune femme blonde de 29 ans, ex-top model et archétype de la beauté scandinave, était devenue l’égérie de la Net-économie suédoise.L’an dernier elle avait inauguré en grande pompe, avec son ami d’enfance Ernst Malmstein, la première boutique sur Internet spécialisée dans la mode et le sportswear. Plus d’un milliard de francs levés auprès des plus grands investisseurs dont Bernard Arnault, quatre cents salariés embauchés en quelques semaines, une dizaine de filiales créées en Europe et aux Etats-Unis : le succès de Boo.com démontrait au monde entier que la Suède avait pris la tête de la révolution Internet.Fini la Sillicon Valley, tout se passe désormais en Suéde. ” Stockholm, capitale de l’Internet “, titrait il y a peu le magazine américain Newsweek. Et le bilan était véritablement élogieux : des dizaines de nouvelles start-up chaque semaine, une population majoritairement convertie aux joies du surf sur le Net, de jeunes entreprises locales, comme Framlab, Spray et, bien sûr, Boo, qui se lançaient à la conquête de l’Europe et de l’Amérique.Rien d’étonnant à ce que le “Made in Sweden” suscite autant d’enthousiasme et d’admiration. Et pour toute start-up, européenne ou américaine, une référence suédoise dans son business plan était un plus. Que ce soit un investisseur, un partenaire, une méthode, un consultant, un design, un type de management, bref, n’importe quoi, mais quelque chose de suédois !Un phénomène qui n’est pas sans rappeler les années 70, période pendant laquelle la Suède avait la réputation d’être le laboratoire grandeur nature d’une autre révolution, celle des m?”urs. Que de fantasmes alors partout dans le monde sur le mythe de la Suédoise libérée. La Suéde est redevenue cette terre promise d’il y a trente ans, où se multipliaient séjours initiaques et voyages d’étude.La chute de Boo va donc sérieusement mettre à mal le mythe. D’autant plus qu’après avoir été encensés au-delà de toute mesure, les deux fondateurs de Boo sont désormais la cible de toutes les critiques (alcoolisme, irresponsabilité manageriale…). L’ensemble des start-up suédoises va souffrir de cette inversion de polarité. Coïtus tristus, diront certains.Néanmoins, la clé du succès de l’Internet suédois reste toujours d’actualité. En particulier, un enseignement scolaire et universitaire de haut niveau, une maîtrise de la langue anglaise par l’ensemble de la population, un modèle social basé sur le réseau ou la communauté plutôt que sur la hiérarchie, ou encore un goût prononcé pour les technologies et l’innovation. Attention, les start-up suédoises nont pas dit leur dernier mot !Chronique parue le vendredi 21 avril

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Didier Géneau