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Les SSP, contraints d’évoluer de la capacité vers les services

Le modèle SSP d’origine ne s’est pas imposé. Au-delà d’une offre de capacité, les prestataires doivent évoluer vers des packages de services. Ils rencontrent la concurrence des infogérants et des opérateurs.

Les Storage Service Providers (SSP) n’ont plus la cote. Ces start-up ?” qui s’étaient lancées, il y a deux ou trois ans, avec l’ambition de vendre aux entreprises du stockage informatique comme on vend de l’eau “au robinet”, ou de l’électricité à la “prise”?” auront fait long feu. “Les SSP ont brûlé leurs fonds en investissant dans de coûteuses baies EMC Symmetrix et autres superbes équipements. Ils espéraient devenir rentables en drainant un volume d’affaires suffisant. Mais, depuis, le paysage économique a nettement changé”, expose Doug Chandler, d’IDC.Il ne faut pourtant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. “Le modèle SSP est mort, mais les services de stockage sont toujours viables”, assure Anders Lofgren, du GigaGroup. “Il existe une demande. D’abord, en tant que composant vital d’offres d’outsourcing plus globales. Ensuite, sur des niches comme la sauvegarde-restauration ou le mirroring à distance”, poursuit-il.Les raisons de l’échec des SSP sont multiples. Au premier rang, on trouve la faillite des dotcoms, ces sociétés nées avec la nouvelle économie.Hébergées dans des centres Internet, elles étaient les clients de prédilection des SSP, car elles se trouvaient dans l’incapacité de prévoir la croissance de leur volume disque, et manquaient de personnel qualifié.

De multiples raisons

Mais les SSP se sont également heurtés à des verrous psychologiques se traduisant par une réticence des entreprises traditionnelles à leur confier leurs données, d’autant que la plupart d’entre eux étaient inconnus. Autres raisons : le coût élevé des connexions télécoms à hauts débits et le coup de frein sur les budgets informatiques. Résultat : “Beaucoup de ces SSP ont soit cessé leur activité, soit lancé des services traditionnels de gestion du stockage ciblant les ressources installées dans les entreprises, soit ils se sont reconvertis en éditeurs de logiciels de gestion du stockage”, poursuit Doug Chandler.Le modèle suivi par Storage Telecom, un SSP français, illustre cette évolution. Le catalogue de ce prestataire s’est étoffé d’une offre de conseil en infrastructures, et Storage Telecom n’hésite pas à déployer des réseaux de stockage dans les entreprises ?” les matériels étant acquis par ces dernières. Il assure alors la téléadministration et la télésurveillance. Dans le même temps, il fournit toujours ses services de réplication des données à distance vers son data center, ainsi que la capacité de stockage à la demande (offre StorageOnTap) pour certains clients hébergés dans le centre Internet de l’opérateur LDCOM.

De nouveaux acteurs

Les machines peuvent être celles des entreprises, et non plus des systèmes appartenant à Storage Telecom, une offre de PRA (plan de reprise d’activité) étant également possible. Les services tendent ainsi vers des formules proches de celles d’un infogérant classique, l’expertise stockage en plus.Si les SSP n’ont pas percé, d’autres acteurs entendent relancer le marché, grâce à des atouts spécifiques. C’est le cas d’un opérateur Internet comme PSINet, qui adopte le profil de SSP-ASP. Grâce à de nombreux partenariats noués avec les acteurs du stockage ?” qui prennent en charge la maintenance et la mise à niveau de leurs solutions dans ses data centers?”, ce SSP à valeur ajoutée délivre tous les services d’un outsourceur de stockage.Assurant la connectivité grâce à son backbone IP, il fournit du backup à distance sur son centre de calcul de Nanterre, grâce aux progiciels de Veritas et d’Atempo. Les équipes internes de PSINet offrent des services de sauvegarde sur bande (bibliothèques StorageTek) ou sur disque. En second lieu, PSINet livre du stockage à la demande. C’est le service choisi par un grand laboratoire pharmaceutique, qui avait besoin de 2 To pour sa base de données CRM. Cette base et le serveur applicatif sont hébergés chez PSINet, sur une baie Symmetrix pilotée via un progiciel Veritas. Quant au mirroring disque, PSINet héberge les unités miroir, tandis qu’EMC assure le support du logiciel et du matériel. Un projet en partenariat avec Inrange, fabricant de commutateurs de stockage, est en cours pour un transporteur routier lillois, qui veut installer un centre miroir à Paris. Le niveau de service se traduit non seulement par la garantie de protection des données, mais aussi par l’assurance d’une restitution dans un délai fixé (deux heures, par exemple). D’autres niveaux de services plus élevés permettent d’éviter tout impact sur les applications.

Infogérants : une autre approche SSP

Les infogérants, tels EDS, IBM Global Services ou Cap Gemini, quant à eux, ont abordé le marché de la fourniture de capacité de stockage en partant d’une approche plus globale. Possédant une base clients importante et ayant été confrontés à la diversité du stockage tout en hébergeant de nombreux clients sur leurs machines, ils ont franchi le pas en leur proposant, en sus, un service de stockage de leurs données. On a ainsi vu apparaître des internal storage services providers, qui, au sein de leurs data centers, mutualisent l’espace de stockage. Cela se traduit alors par la fourniture d’une volumétrie selon les besoins manifestés par l’infogérant.Purement interne au départ, cette fonction s’est progressivement transformée en une offre de services externe. Elle est généralement proposée dans deux cas. D’une part, lors d’une problématique technique (par exemple, l’implantation d’un SAN). La partie stockage à la demande s’inscrit alors dans un plan plus vaste de mise en place d’une nouvelle technologie. D’autre part, pour la conservation des données comptables, celle-ci nécessitant une logistique particulière. Car, les supports informatiques évoluant, il n’est pas simple de conserver les anciens supports en étant certain que leur lecture demeurera possible. D’où le recours à des SSP qui assureront le transcodage régulier de ces archives d’un format à l’autre (voire d’un support à un autre).

Un tiers de confiance

De plus, de telles données nécessitent, dans le cas du commerce électronique, l’adjonction d’attributs spécifiques tels que l’horodatage, voire la certification par un tiers de confiance. Une telle intégration est ainsi réalisée par un opérateur de notarisation comme Zantaz, financé par le groupe de la Caisse des Dépôts.Autre cas : des sociétés comme Infodis. À l’origine intégrateur de systèmes, celui-ci a progressivement évolué vers l’infogérance, via sa filiale InfoSys. Fournissant des solutions de stockage (SAN, clusters Linux et Streaming video), il lui a semblé tout naturel de proposer, début 2002, des services d’infogérance de stockage, qui, pour certains, ressemblent fortement à ce que propose Storage Telecom. Comme quoi, que l’on soit au départ SSP ou infogérant, on s’achemine progressivement vers un modèle hybride orienté services, et non plus fourniture de capacité.

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Michel Rousseau