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Les spams boursiers, nouveau fléau des boîtes à lettres

L’envoi de fausses informations boursières par mail gonfle artificiellement le cours de certaines sociétés et permet aux escrocs de réaliser de juteuses plus-values.

Sur Internet, rien n’est gratuit, pas même un délit d’initié. Depuis quelques jours, des spammeurs envoient des centaines de millions de mails dans lesquels ils conseillent, sur la base d’informations supposées confidentielles,
d’acheter des actions de Prime Time Stores. C’est
l’éditeur en sécurité informatique Sophos qui attire l’attention sur cette nouvelle arnaque. L’objectif est de faire grimper le cours de l’action de cette société de commerce de détail, pour permettre
aux spammeurs (c’est-à-dire aux escrocs) de retirer une coquette somme d’argent, grâce à la hausse des cours.C’est la technique du ‘ gonfler puis vendre ‘ (pump and dump). Depuis le début de l’année, les campagnes de spams boursiers connaissent un engouement sans précédent. Ce type de spam
représenterait aujourd’hui entre 15 % et 20 % du total des pourriels, contre à peine 1 % il y a quelques mois encore. ‘ Ces pratiques sont le fait de réseaux mafieux, toujours en quête d’investisseurs faciles à
berner, mais pas exclusivement ‘,
constate Michel Lanaspèze, directeur marketing et communication chez Sophos France.

35 sociétés suspendues de cotation à New York

‘ Souvent, quelques personnes suffisent à lancer ce type de campagne de grande envergure. Un spécialiste du spam, un autre dans les virus et un bon connaisseur des marchés boursiers. ‘ Pour
diffuser leurs fausses informations, les escrocs ont une préférence pour le spam par PDF qui a l’avantage de passer au travers de bien des solutions antispam et dont la forme donne un caractère un peu plus officiel aux informations financières
transmises.Pour l’heure, la Bourse de Paris ne semble pas touchée par le phénomène. ‘ C’est une question d’effet de volume qui incite les spammeurs à rédiger leurs messages directement en anglais ‘,
explique Michel Lanaspèze. Au printemps dernier la SEC (Security Exchange Commission) qui contrôle la régularité des transactions à la Bourse de New York, a ainsi suspendu la cotation de 35 sociétés, qui faisaient l’objet de campagnes de spams
boursiers. Toutes ces entreprises avaient un point commun, elles relevaient du ‘ Pink Sheets quotation service ‘, c’est-à-dire que toutes étaient cotées à moins de un dollar au Nasdaq. ‘ Il
s’agit de penny stock
explique-t-on chez Sophos, des actions sur lesquelles une soudaine vague d’achat permet de générer des plus-values considérables. ‘Pour David Langlois, directeur marketing chez
Boursorama, l’un des sites leaders de l’épargne et du courtage en ligne, ‘ s’agissant des spams boursiers, les escrocs visent en priorité des valeurs à faibles liquidités,
c’est-à-dire des titres dont le volume d’actions échangées chaque jour est très faible. ‘
Autrement dit, des actions dont le cours est facile à manipuler.

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Philippe Crouzillacq