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Les sites pédophiles ne passeront plus les frontières anglaises

L’opérateur historique British Telecom vient de mettre en place un système de filtre qui empêchera automatiquement l’accès à des contenus pédophiles. Une initiative qui ne plaît guère aux fournisseurs d’accès Internet français.

Deux millions sept cent mille internautes vont voir Internet se rétrécir. Pour leur bien. British Telecom (BT) commence en effet à tester outre-Manche auprès de tous ses abonnés une technologie du nom de Cleanfeed, leur interdisant
l’accès aux sites pédophiles recensés par un organisme de référence du pays.La plate-forme fonctionne en liaison avec une base de données de sites pédophiles constituée par l’Internet Watch Foundation (IWF), un organisme de protection de l’enfance créé par les acteurs Web du Royaume-Uni en 1996 et devenu
depuis, entre autres, la hotline officielle pour signaler ce genre de contenu.Or cette base se révèle de moins en moins anglaise. Selon l’IWF, moins de 1 % des sites illégaux étaient hébergés au Royaume-Uni en 2003 (18 % en 1997), alors que 23 % sont situés en Russie et 55 % aux États-Unis. Et
ils continuent à se multiplier, l’organisme en ayant ajouté plus de 3 000 à sa base l’an dernier.‘ Nous avons décidé d’en interdire l’accès, explique Mike Galvin, directeur Internet chez BT. Cleanfeed est une plate-forme technique qui s’installe au sein même du réseau. Elle utilise deux
niveaux de filtrage qui concernent l’intégralité de notre trafic. Si un internaute accède à un site recensé par l’IWF, il verra s’afficher une page ” Erreur 404 ”
[caractéristique d’un site qui n’a pas été trouvé
par un navigateur, NDLR]. ‘BT ne prétend pas avoir inventé l’arme absolue anti-pédophilie. Cleanfeed est conçu pour empêcher un internaute d’atterrir malencontreusement sur un de ces sites mais laisse à d’autres le volet répressif. Le tout pour un coût assez
modeste, selon BT. L’opérateur a surtout travaillé à rendre sa plate-forme transparente, pour ne pas ralentir le trafic. Et se dit prêt à en révéler la conception à d’autres fournisseurs d’accès Internet.

Les FAI français préfèrent la prévention

Ce qui n’enchante guère ses homologues français.
‘ L’initiative de BT leur est propre, nous n’avons rien de tel en prévision,
explique Stéphane Marcovitch, délégué général de l’AFA (Association des
fournisseurs d’accès et services Internet). Lors des débats sur la
loi sur la confiance en l’économie numérique, certains avaient demandé des mesures équivalentes en France. Nous nous étions prononcés contre. Le filtrage des sites Web est extrêmement
complexe techniquement, il faut mettre en place des proxy, contacter les abonnés… ‘
L’AFA préfère jouer la carte de la prévention, en particulier avec sa charte contre les contenus pédophiles et racistes. Mais, la mise en place par BT dans un pays voisin d’une technologie que les fournisseurs d’accès Internet français
ont longtemps présentée comme irréaliste a des allures de camouflet.Reste que, même en Angleterre, Cleanfeed ne fait pas l’unanimité. Le filtrage de facto de contenus jugés illégaux était jusque-là une pratique réservée à des dictatures peu soucieuses de liberté d’expression comme
la Chine ou la Tunisie. Une assimilation à laquelle BT compte échapper en limitant sa mission. ‘ L’installation de Cleanfeed n’est pas une décision morale, justifie Mike Galvin. En Angleterre, vous pouvez
télécharger des contenus racistes, terroristes ou relatifs à la drogue. Il ne peut y avoir crime qu’en fonction de l’usage que vous en faîtes. Mais lacte de posséder des images pédophiles est, lui, un crime en soi. ‘
Un
distinguo qui pousse la société britannique à faire son ménage sur Internet.

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Ludovic Nachury