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Les serveurs de fichiers accueillent les bases de données critiques

Network Appliance propose d’héberger des données Oracle sur ses serveurs de fichiers. Une hérésie pour certains.

“Nos serveurs de fichiers sont capables de stocker les données issues de gros SGBD ?” d’Oracle, notamment.” Network Appliance est le seul constructeur à pousser un tel concept. EMC, l’autre champion du NAS (Network Attached Storage), y est quant à lui opposé. Et, de l’avis général, utilisateurs comme constructeurs estiment que l’association d’un serveur de fichiers (“filer”) à une base de données critique relève de l’hérésie. Car si la solution est techniquement viable (Oracle certifie les serveurs NAS de Network Appliance et d’EMC), les performances ne peuvent être satisfaisantes. D’une part, le NAS implique que la base de données “négocie” avec un système de fichiers. D’autre part, les accès aux données passent par des requêtes NFS (Network File System) et sont donc tributaires des performances du réseau local.

Une qualité de service difficile à assurer

Bases de données et systèmes de fichiers n’ont pas toujours fait bon ménage. Il y a dix ans, ces derniers conservaient les données à enregistrer dans une mémoire volatile (cache) avant de les écrire sur disque. En cas de défaillance du serveur, les informations placées dans le tampon étaient perdues. Les administrateurs de bases de données ont alors cherché à éliminer le système de fichiers en adoptant le mode “raw device” : l’application attaque directement les disques et procède elle-même à leur gestion. Ce mode, qui garantit par ailleurs de meilleures performances ?” la CPU ne traite plus la couche logicielle de service de fichiers ?”, souffre cependant d’une administration plus complexe. La sauvegarde, l’extension dynamique d’espace, le striping (Raid 0), la réplication… Toutes ces fonctionnalités sont rendues particulièrement difficiles, voire impossibles. Depuis, les systèmes de fichiers gèrent mieux la problématique du cache, via des mémoires non volatiles. Résultat : aujourd’hui, la moitié des bases Oracle fonctionnent en mode fichier.Mais, plus que l’utilisation d’un système de fichiers, ce sont surtout les baisses de performance dues au temps de latence engendré par les requêtes au travers du réseau que les détracteurs de l’“Oracle sur filer” pointent du doigt. “Pas question d’utiliser du NAS pour stocker des données Oracle. Ce n’est pas de la bureautique. Nous l’avons testé dans une configuration impliquant cinq cents utilisateurs. C’est trop lent !”, explique le responsable d’exploitation d’un grand groupe industriel. Difficile, en effet, d’être assuré d’une qualité de service, puisque, contrairement à Fibre Channel (sur un SAN) ou à SCSI (en attachement direct), IP n’est pas déterministe dans le temps.

L’offre de Network Appliance fait valoir ses atouts

Pourtant, pour d’autres utilisateurs, le temps de latence n’est pas problématique : il est compensé par la performance du système de fichiers de Network Appliance. “Chez nous, la base Oracle ne procède pas à des écritures massives et linéaires, mais plutôt à une fréquence élevée de petites opérations. L’enjeu ne porte donc pas sur la bande passante, mais sur la capacité d’écritures simultanées”, explique Emmanuel Hocdet, architecte système de T-Online, l’un des premiers en France à avoir fait fonctionner Oracle sur des serveurs Network Appliance. “Or, ce système de fichiers a une très bonne capacité de traitement, poursuit Emmanuel Hocdet. Il offre aussi des fonctionnalités avancées, comme la gestion automatique des niveaux de redondance Raid ou la virtualisation des espaces.” Dernier avantage : “En externalisant la couche système de fichiers, le serveur de production gagne de 10 à 20 % de puissance CPU.”Les différents arguments avancés relèvent finalement du débat opposant le SAN au NAS. Toujours est-il que la pertinence d’un tel modèle dépend de plusieurs facteurs. Déjà, de la nature des requêtes. Ensuite, de la volonté ou non de confier au constructeur de NAS toute l’intelligence du stockage (briques matérielles et logicielles). Enfin, des mentalités : les fournisseurs de services internet, par exemple, plus axés sur les réseaux et le web, seront davantage attirés par des serveurs dédiés (y compris pour le stockage). Les banques ou administrations, évoluant dans des environnements centralisés et critiques, chercheront, elles, à s’affranchir du réseau en reliant directement les serveurs aux systèmes de stockage.

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Vincent Berdot