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Les salles de spectacle pourront vous couper le téléphone

Le ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, a homologué les conditions d’utilisation des brouilleurs de signal dans les salles. Le texte doit être publié au Journal officiel dans les jours qui viennent, avant d’entrer en
vigueur. La Commission européenne a déjà émis des réserves et s’inquiète de la possible prolifération des appareils de brouillage dans le public.

Il y a quelques années, les spectateurs de l’opéra de Londres se voyaient offrir un petit bonbon censé les empêcher de tousser pendant la représentation. Contre les sonneries inopportunes de téléphones portables, il y a moins
artisanal : les brouilleurs.Le ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, s’est prononcé officiellement pour leur installation dans les salles de spectacle (cinéma, théâtre, salles de concert), en homologuant une décision de l’Autorité de régulation des
télécommunications (ART) sur le sujet. ‘ Cette mesure était attendue et réclamée depuis plusieurs années, particulièrement par l’industrie du cinéma ‘, rappelle le ministre dans un
communiqué.Elle n’est cependant pas nouvelle. C’est la loi du 17 juillet 2001 qui ouvrait la porte à cette possibilité. Elle autorisait ‘ les installations radioélectriques permettant de rendre inopérants dans les
salles de spectacle, tant pour l’émission que pour la réception, les téléphones mobiles de tous types ‘.
Le ministre a toutefois tenu à quelques précisions. Il faudra veiller à ce que le brouillage ne dépasse pas la salle en question pour qu’il soit toujours possible de téléphoner à proximité dans la rue, dans les bâtiments d’à côté et
même dans le hall de la salle. Ensuite, les appels d’urgence devront pouvoir passer.L’homologation devrait être publiée au Journal officiel dans les jours qui viennent. Avant de rendre sa décision, l’ART avait elle-même lancé une consultation auprès des opérateurs (SFR, Orange, Bouygues Telecom,
Vodafone, France Télécom), des fabricants de matériel et des distributeurs. Ceux-ci s’exprimaient sur les solutions techniques disponibles. Mais aussi sur les problèmes légaux que posait l’introduction sur le marché de ces systèmes.

LEs brouilleurs sont déjà autorisés dans les prisons

‘ En France, dès qu’on touche aux ondes radio, explique Raoul Girod, spécialiste des brouilleurs et détenteur de plusieurs brevets dans le domaine, soit il faut une autorisation de l’ART, soit
il faut une loi. Jusqu’à maintenant, c’était totalement interdit ‘.
Quant aux conditions imposées, il semble qu’elle soient résolues.Le passage des numéros d’urgence serait ainsi possible grâce à des ‘ brouilleurs intelligents ‘, capables de décoder la tentative d’appel. Ils repèrent le numéro, le comparent à des numéros d’urgence mémorisés
et l’appel passe. Le confinement du brouillage à la salle est, lui, ‘ un problème de base, affirme Raoul Girod. Mais c’est le mieux résolu ‘. La solution passerait par le choix des
antennes et le réglage de la puissance des stations de brouillage.Une autre loi, datant d’août 2002, autorise les brouilleurs, mais au sein des prisons. Des tests ont déjà été réalisés pour des premiers déploiements en 2005. Les choses sont allées plus vite car, s’agissant de sécurité
intérieure, il n’y a pas eu besoin de faire examiner le projet par les institutions européennes.La Commission européenne a, au contraire, déjà émis quelques réserves sur l’autre texte. Il pose en effet le problème de la mise en circulation sur le marché européen de matériels jusque-là très encadrés. La Commission reproche à la
France de vouloir ‘ résoudre un problème social ‘ en allant à l’encontre de dispositions européennes existantes. ‘ Le problème, résume Raoul Girod, ce n’est
pas l’installation de brouilleurs dans des lieux identifiés, mais leur prolifération ‘.
Et de citer déjà des boîtiers coréens à glisser dans sa poche, efficaces dans un rayon de dix mètres…

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Arnaud Devillard