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Les salariés d’IBM craignent la fausse note

Le constructeur modifie en profondeur PBC, son système de notation et de récompense des salariés, en y ajoutant la notion de ” contribution relative “. Une réforme qui rencontre une forte opposition de la part
des syndicats français.

Personal Business Commitment (PBC), le système de classement des salariés de la société américaine, a toujours inquiété en France. Et sa réforme, quIBM US impose à toutes ses filiales, ne devrait pas améliorer la situation. Afin de
mieux différencier les performances des salariés, est en effet introduite la notion de “contribution relative” et une plus grande variabilité dans l’attribution de la prime annuelle.La notation du salarié intervient à la fin de l’année, en fonction d’objectifs fixés à son début. Les notes vont de 1 (performance exceptionnelle) à 4 (insuffisant). En moyenne, 80 % des salariés sont notés 1 ou 2
 ? leurs objectifs sont remplis ?, et 20 % 3 ou 4 ? leurs objectifs ne sont pas atteints.Cette année, une note 2 + est introduite, récompensant une performance supérieure à celle de ses pairs. C’est la notion de contribution relative. “Pour être bien noté, il ne suffit pas d’accomplir
correctement son travail. Il faut faire mieux que ses collègues “,
interprète Alain Le Roux, secrétaire du syndicat FO IBM Corbeil. “Un fonctionnement implicite à tout système de notation, qui ne fait qu’être
retranscrit noir sur blanc “,
réplique Eloïse Verde-Delisle, directrice des affaires sociales chez IBM France.

Impact de l’évaluation sur l’avenir du salarié

La comparaison a également un impact sur la prime variable annuelle (PVA). Auparavant, elle était proportionnelle à la note obtenue : une personne obtenant 1 avait 150 % de la somme, tandis qu’un noté 3 n’en
obtenait que 60 %. Désormais, c’est le manager qui fixe le pourcentage, au cas par cas, dans des limites fixées par la direction.Si PBC est un sujet sensible au sein d’IBM, c’est qu’une mauvaise note se traduit souvent par un licenciement. Les syndicats craignent avant tout la subjectivité dans la notation. “Nous comprenons
leur inquiétude. Mais c’est un procès d’intention : tout est fait sur des critères vérifiables en cas de contestation “,
assure Eloïse Verde-Delisle.Les syndicats vont plus loin. Pour eux, PBC permet à IBM de disposer d’un volant de ” licenciables ” à tout instant. En effet, tous craignent le recours à la sous-traitance en
offshore, de plus en plus utilisée. Et la récente annonce de l’acquisition, par IBM, de la société de services indienne Daksh eServices Private Ltd n’est pas pour les
rassurer. “Les notés 4 sont choisis à l’avance, pour des raisons économiques “, ajoute Jean-Michel Daire, élu CFDT.Une politique dénoncée en 2001 dans un rapport de l’inspection du travail de Montreuil. Celui-ci avait révélé que les personnes de plus de cinquante ans risquaient davantage d’être notées 4. Si l’affaire n’a
pas eu de suites judiciaires, elle a conduit en interne à la création d’un comité de transparence annuel sur le sujet.“Nous avons tout de même observé que, de 2,9 % de notés 4 en 2001, nous sommes passés à 1,2 % en 2003 “, fait remarquer José Sainz, élu CGT à IBM La Gaude. Les représentations syndicales et la
direction ont toutefois trouvé un terrain d’entente : elles travaillent ensemble sur les procédures de mise en garde des salariés qui sont en difficulté ainsi que sur le renforcement de leur accompagnement.Rendez-vous donc dans un an, après le prochain comité de transparence, où les vraies conséquences du nouveau PBC seront connues.

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Karine Dobrzynski