Passer au contenu

Les réseaux de téléphonie apprennent le service multiple

Normalisé, le modèle d’architecture Tina sépare communications et applications pour mieux les intégrer.

La carte prépayée est l’application la plus connue du concept de réseau intelligent : d’une façon certes rudimentaire, elle fait intervenir une application tierce, qui authentifie et débite l’usager en contrepartie de la fourniture d’un service téléphonique. Elle peut aussi être utilisée pour restreindre les appels (par exemple, n’accepter que les numéros de téléphone commençant par l’indicatif d’un pays particulier). Poussée par la mobilité, c’est en réalité toute l’architecture de l’information de commande des réseaux de télécommunications qui se trouve appelée à évoluer en même temps que la signalisation SS#7 (Service Signaling # 7). Identifier l’utilisateur et ses droits ou s’assurer que toutes les ressources requises sont disponibles est assez simple lorsqu’il s’agit d’établir une communication vocale entre deux points. Il en va autrement lorsque l’on souhaite, par exemple, restituer sur un téléphone mobile et à l’étranger toutes les fonctions et le plan de numérotation de l’autocommutateur de l’entreprise (lire encadré). Le bouleversement touche même le monde IP, dont les interactions avec la téléphonie traditionnelle ne sont pourtant pas près d’être toutes définies.

Associer dynamiquement les services de plusieurs prestataires

La convergence fixe-mobile sera sans doute la première à réclamer une architecture de réseau intelligent. L’étape suivante permettra à l’usager de définir, par exemple, son propre service, adapté à son besoin ou à celui de son entreprise, en associant de façon dynamique plusieurs fonctions ou éléments de services détenus par des prestataires différents. La solution des opérateurs et des équipementiers s’appelle Tina (Telecommunications Information Networking Architecture). Son objectif est de créer une architecture de réseau capable de prendre en compte toutes les étapes de l’établissement et du suivi d’une communication, du service fourni à l’utilisateur jusqu’à l’impact de ce dernier sur les ressources physiques du réseau. Lancé dès 1993, le projet a abouti l’année dernière à des spécifications de l’UIT (Union internationale des télécommunications). Les 40 constructeurs et opérateurs membres du Tina Consortium sont parvenus à une structure en trois tiers, très proche des architectures d’applications distribuées. Composé de trois couches logicielles, Tina a pour premier effet de dissocier le plan de contrôle des fonctions de routage ou de traitement des communications. Ces dernières sont exécutées par des modules logiciels distincts et autonomes, les SIB (Service Independant Building Block), gérés par un système d’exploitation distribué, le DPE (Distributed Processing Environment). Ces services peuvent faire intervenir des intermédiaires, tels que des courtiers en bande passante, des serveurs de noms, d’applications ou de sécurité. Conçus dans des langages de programmation objet tels que Corba, ils sont eux-mêmes constitués de modules logiciels plus petits, dédiés à une tâche précise, les composants élémentaires. D’un bout à l’autre de la chaîne, ces fonctions sont réutilisables. Un service Tina ressemble beaucoup au scénario d’un serveur vocal interactif : des fonctions ou des tâches plus ou moins standards sont associées pour former un service spécifique. Le tout s’exécute sur un système d’exploitation qui s’assure au passage de la disponibilité des ressources demandées et modifie leur paramétrage en conséquence.
Dans son principe, Tina doit permettre, à terme, de construire dynamiquement tout type de service dans des délais raisonnables. À titre de comparaison, il a fallu plusieurs années de travail pour mettre en place en France le numéro vert, ou plutôt pour mettre à jour, un par un, chaque central téléphonique du territoire français.
Indépendante des systèmes et des infrastructures de réseau qu’elle est pourtant appelée à utiliser, l’architecture Tina s’applique aussi bien aux réseaux SDH que TCP/IP.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


PAUL PHILIPON-DOLLET