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Les ” pure players ” préparent leur revanche

Audience accrue, sponsors alléchés, chiffres d’affaires en hausse : grâce à cette équation, les spécialistes tout-internet de l’actualité sportive devraient aussi remporter leur coupe.

L’heure de gloire est arrivée ! La Coupe du monde 2002 verra l’arrivée d’internet dans la cour des grands, celles des médias audiovisuels, de la presse. Persuadés du coup à jouer, les acteurs online de l’information sportive s’en réjouissent d’avance. Car, décalage horaire avec le Japon et la Corée oblige, les amateurs de ballon rond seront au travail lors de la diffusion des matchs. Les sites d’actu parient donc que le public se tournera vers une lucarne plus petite, le web. Partant de ce postulat, les chiffres d’audience les plus optimistes circulent. Certains n’hésitent pas à prédire une audience triplée durant ce mois de juin avec, à la clé, des revenus publicitaires en hausse.

Le grand retour de la pub

Le modèle économique des sites sportifs, basé sur la publicité, refait donc surface. Pourtant, depuis un an, l’équilibre des recettes issues de la vente de contenus et de publicité s’est stabilisé dans une proportion de 60/40 ou 80/20, selon les sites. Mais “la vente de contenus devrait redescendre à 40 % en faveur de la vente de pub “, prévoit Frédéric Sitterlé, PDG de Sport24. Même son de cloche chez Sporever/Football365 et Sports.com. Dans le même temps, poussé par la Coupe du monde, le volume d’affaires dégagé par la vente de contenus progresse aussi. Les sites peuvent ainsi afficher cette année des résultats à la hausse dans un climat favorisé par le Mondial. “Alors que nous avions réalisé 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires en 2001, nous avons généré le même montant sur les seuls quatre premiers mois de l’exercice 2002”, insiste Jacques-Henri Heyraud, directeur général de Sporever/Football365. Dans la foulée, il prévoit l’équilibre financier au quatrième trimestre 2002. Un tel objectif ne pourra être réalisé que si l’audience est fidélisée. L’effet Coupe du monde survivra-t-il à la compétition ? Sur ce point, les avis divergent. “Ce n’est qu’un pic. Ce n’est certainement pas la Coupe du monde qui nous permettra d’atteindre la rentabilité “, modère Jean Hornain, directeur général de Lequipe.fr. “Pas d’accord, rétorque Frédéric Sitterlé, chiffres à l’appui. Après un événement tel que Roland Garros en 2001, nous avons conservé 80 % de notre audience.”Hervé Payan, président Europe de Sports.com, reconnaît que l’actualité sportive est cyclique et qu’un événement tel que la Coupe du monde est exceptionnel. Mais il ne s’inquiète pas d’une érosion de l’audience. Cet acteur affirme qu’en matière de publicité, les annonceurs sont plus stables, jouant leur campagne sur la visibilité et le sponsoring, délaissant le sacro-saint clic. Outre la vente de contenus à des portails, fournisseurs d’accès ou sites (Lycos, T-Online, MSN, RTL, etc.), Sports.com parie sur la croissance de la clientèle des opérateurs mobiles, au nombre desquels figurent SFR en France et TIM en Italie. Sports.com fournit à ces “telcos” l’information Coupe du monde qu’ils distribueront à leurs clients par SMS et Audiotel.Idem pour Sport 24, qui a ramené ses pertes de 3,5 millions d’euros en 2000 à 1,68 million en 2001. “Le mobile représente déjà de 5 à 10 % de notre chiffre d’affaires “, reconnaît Frédéric Sitterlé. Sa société assure ainsi la production d’informations pour le service SMS de Wanadoo. Tandis que Sporever/Football365 a décroché la fourniture de contenus vocaux pour le kiosque d’Orange et le service SMS de l’opérateur.

Yahoo risque la vidéo

Ces stratégies n’intègrent pas la vidéo. Tous y ont renoncé au profit de Yahoo. Sur un site commun avec la Fifa, fruit d’un partenariat signé en septembre 2001, le portail proposera des vidéos en paiement à la séance et 15 heures de résumés des matchs pour 22,5 euros. C’est à l’Allemand Plazamedia, propriété du groupe Kirch, que la Fifa a confié production et diffusion des vidéos des matchs. La Fédération a bien tenté de vendre ces droits à d’autres acteurs online, mais les conditions n’ont attiré personne. “Diffuser des vidéos de buts 5 à 6 heures après les matchs, après les télévisions, ne nous a pas semblé une affaire en or “, ironise Hervé Payan. Si Yahoo peut se satisfaire de ce monopole, il n’est pas sûr que les recettes tirées des abonnements compensent les coûts en bande passante qu’impliquera une affluence massive.

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Christophe Dupont