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Les promises se cherchent une dote

La première édition de Go Public-IT, à Londres, a dévoilé une trentaine de sociétés candidates à une cotation sur une Bourse européenne. Cinq d’entre elles sont bien placées pour séduire les marchés.

Les sociétés en situation de pré-introduction boursière tiennent salon. La première édition de Go Public-IT s’est tenue, les 3 et 4 décembre, à Londres. L’occasion pour une trentaine de sociétés européennes et israéliennes des secteurs high-tech et biotechnologique de présenter leurs appâts à un public d’investisseurs. Le but de l’opération est affiché : bien se faire connaître des marchés financiers pour accélérer une entrée en Bourse prévue dans dix-huit mois.Sélectionnées par un comité de consultants estampillés Cap Gemini Ernst & Young, ces entreprises font valoir deux arguments : une équipe de managers aguerrie et, surtout, le ciblage de marchés en croissance. Dans ce qu’il faut bien appeler une compétition, les sociétés françaises ont montré qu’elles pouvaient tenir la dragée haute à leurs cons?”urs européennes et israéliennes. Deux d’entre elles en particulier.

Deux start-up françaises

D’un côté, LEA. Start-up rennaise, créée en 1999, qui a fait de son c?”ur de métier le traitement du signal analogique. L’entreprise conçoit et commercialise des séparateurs de signaux qui permettent de se connecter à internet et de téléphoner en même temps. De l’autre, ASTEROP. Également créée en 1999, cette société a développé une technologie qui analyse des données clients pour en tirer des informations commerciales clés. Pour les deux candidates potentielles à une cotation en Bourse, la croissance de leur premier métier est à la base de leur argumentaire. “Il y aura, d’ici à 2005, 50 millions de lignes ADSL dans le monde, ce qui représente une croissance moyenne de 92 %, explique Éric Berthaud, PDG de LEA, c’est un marché qui va complètement exploser.” Même constat ou presque pour l’intelligence décisionnelle : le marché, couplé à celui de la gestion de la relation client au sens large, est estimé à près de 5 milliards de dollars (5,62 milliards d’euros) d’ici à 2003. Les investisseurs ne s’y sont pas trompés. LEA a déjà levé 12,2 millions d’euros (80 millions de francs) après deux tours de financement, tandis qu’Asterop vient de réunir 10 millions d’euros dans un troisième tour de table.Financée à hauteur de 16 millions d’euros dans un troisième tour de table, la société anglo-irlandaise CR2 possède également des atouts pour séduire les marchés. Spécialisée dans des logiciels bancaires ?” un domaine a priori déjà très exploité ?” cette entreprise a eu l’intelligence de fonder sa stratégie d’expansion sur des marchés peu traditionnels : le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique. Elle dispose aujourd’hui de près de 110 clients dans 80 pays et sa valorisation est estimée à 282 millions d’euros.

La percée du biotech

À Go Public-IT, la tendance biotech a, comme un peu partout, fait sa percée. Par leur présence, mais aussi par leurs performances financières, les sociétés du secteur ont joué des coudes. Et parmi elles, CYCLACEL qui est spécialisée dans la recherche contre le cancer et d’autres maladies graves. Cette société écossaise s’est en effet distinguée pour avoir fait partie du Club du Financial Times, un lieu très prisé des sociétés de biotechnologies britanniques, qui sont parvenues à lever au moins 48,5 millions d’euros cette année. La raison probable de la confiance des investisseurs tient en la découverte, par le fondateur de la société Sir David Lane, d’un gène capable de lutter contre le cancer en forçant les cellules endommagées à s’autodétruire. À un moindre niveau, ATUGEN, une autre société de biotechnologies allemande, a réuni 26 millions d’euros après deux tours de table et espère faire un troisième tour avant une possible IPO (introduction en Bourse). “Nous avons l’intention de lever près de 20 millions d’euros durant le premier trimestre 2002 en incluant dans la liste de nos investisseurs un client stratégique du secteur”, explique Rudi Neirinckx, le directeur général d’Atugen. Portée par la vague de la découverte du séquençage du génome humain, cette société spécialisée dans la génomique fonctionnelle a, elle aussi, découvert et validé des cibles thérapeutiques en utilisant une technologie développée en interne.

Des fonds pour la R & D

Pour cette biotech comme pour Cyclacel, la perspective de l’introduction en Bourse devrait apporter des fonds supplémentaires pour la recherche et le développement. “Nous attendrons d’effectuer trois essais cliniques réussis avant de nous engager dans cette voie”, explique Spiro Rombotis, CEO de Cyclacel. Pour d’autres, comme CR2, l’IPO se place davantage dans une perspective d’expansion internationale : “Après notre troisième tour, nous allons nous attaquer à l’Europe de l’Ouest”, explique Conor Walsh, directeur financier de CR2. Même objectif pour Asterop : “Notre troisième tour de table nous a permis de faire rentrer dans le capital un investisseur américain, ce qui devrait faciliter notre entrée sur le Nasdaq”, commente son PDG, Christophe Girardier (voir ci-dessous). LEA n’exclut pas non plus un tour supplémentaire avant une possible IPO au deuxième semestre 2002. “Nous souhaiterions faire rentrer un partenaire stratégique dans notre capital, explique Éric Berthaud. Le fait que ce dernier soit utilisateur du produit est important, dans la mesure où il va sécuriser notre ” business model ” auprès des investisseurs.” De toute évidence, l’amateurisme des premières start-up européennes semble bien avoir disparu…

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Stéphanie Salti à Londres