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Les promesses de Linux 2.5

Considérant le noyau 2.4 stable et fonctionnel, Linus Torvalds a lancé le 23 novembre dernier le développement du prochain noyau Linux. Au programme : amélioration des systèmes de fichiers Linux, refonte des pilotes matériels, meilleure gestion du son, etc.

Un peu moins de onze mois après la sortie officielle de la version 2.4 du noyau Linux, les principaux hackers de la communauté du libre ont commencé à plancher sur le noyau 2.5. Ainsi, apparaissait le 23 novembre dernier un nouvel arbre de développement sur le site Kernel.org.Les premières pistes évoquées par les programmeurs du libre permettent d’entrevoir les améliorations que devrait fournir le noyau 2.5. Les efforts de développement porteraient principalement sur les systèmes de fichiers exploités par le noyau, la gestion d’énergie des périphériques, une meilleure prise en compte du son, la définition de nouvelles interfaces de gestion des terminaux ou encore un nouvel outil de configuration du noyau.Ainsi, les Unix commerciaux disposent depuis une dizaine d’années d’attributs de fichiers étendus, baptisés ACL (Access Control List). Ces attributs permettent une gestion plus souple des droits d’accès aux fichiers définis par l’administrateur système. Ils définissent une liste de droits plus détaillés et une politique de groupes plus fine que celles actuellement autorisées par le système Linux. L’intégration des ACL devrait donc faciliter le travail de gestion des droits d’accès pour les administrateurs de systèmes Linux.

Une synchronisation réseau des données réparties

Une autre innovation importante est l’intégration du système de fichiers répartis Inter-Mezzo dans le noyau 2.5. Inter-Mezzo permet de répliquer l’arborescence d’un système de fichiers à travers le réseau.” Inter-Mezzo autorise la synchronisation permanente des données sur le réseau de l’entreprise dans une optique de haute disponibilité, explique Igor Genibel, ingénieur en informatique libre dans la SSII Alcôve. Les utilisateurs de portables devraient apprécier ce système. Il leur permet de travailler en mode déconnecté lors d’un déplacement à l’extérieur puis de synchroniser leurs données avec les serveurs de leur entreprise lors de leur retour au bureau. “Inter-Mezzo possède deux modes de réplication de données :
– le mode FTP synchronise l’ensemble des fichiers quelles que soient les modifications apportées ;
– le mode Rsync, effectue un prétraitement afin de ne synchroniser que les différences entre les versions de fichiers.” Inter-Mezzo possède son propre journal lui permettant de déterminer si telle ou telle machine a été synchronisée “, poursuit Igor Genibel. Enfin, Inter-Mezzo est optimisé pour fonctionner sur les systèmes de fichiers journalisés ext3, ReiserFS, xfs ou encore jfs. Il fonctionne également avec ext2, le système de fichiers traditionnel des systèmes Linux. Inter-Mezzo permet donc une réplication transparente des données dans un environnement hétérogène de systèmes de fichiers Unix/Linux.” Inter-Mezzo est un projet en développement et des optimisations sont encore nécessaires avant de l’intégrer à un environnement de production, estime Igor Genibel. Le noyau 2.5 comprendra la version stable 2.0 d’Inter-Mezzo. Pour l’instant, la version actuelle 1.06 est intégrée au dernier noyau Linux 2.4.16. “

Une interface commune pour les systèmes de fichiers journalisés

Concernant les systèmes de fichiers journalisés, Linux 2.4 en possède actuellement deux : ext3 et ReiserFS. Les développeurs du noyau ont l’intention de créer une interface commune de journalisation pour ces deux systèmes.” Si l’on ajoute xfs et jfs, on arrive à quatre systèmes de fichiers journalisés possédant chacun leurs propres méthodes de journalisation. Mais, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que beaucoup de code est inutilement dupliqué. L’idée est d’unifier ces systèmes en implémentant leurs parties communes à l’intérieur du noyau “, explique Stelian Pop, ingénieur en informatique libre chez Alcôve.Un autre projet du noyau 2.5 vise à définir et implémenter une nouvelle infrastructure de pilotes matériels pour Linux. “Le but est de respecter le standard d’économie d’énergie ACPI
[Advanced Configuration and Power Interface]
adopté par les constructeurs informatiques. Il sert, entre autres, à mettre en veille ou en hibernation [sauvegarde du contexte d’extinction d’une machine sur disque] des ordinateurs, explique Stelian Pop. C’est un gros chantier car il demande des modifications lourdes sur le code source, une complète refonte des pilotes matériels.”Le noyau 2.5 devrait également améliorer la gestion du son, médiocre sous les systèmes Linux. Les pilotes de son actuels seront remplacés par ceux du projet Open Source Alsa (Advanced Linux Sound Architecture). Ces pilotes permettent de gérer les sorties numériques des cartes son, l’agrégation de canaux et exploitent mieux les performances des cartes son récentes.Enfin, Linux 2.5 intégrera une nouvelle interface de gestion des terminaux (consoles, clavier, souris, etc.). Elle permettra, par exemple, de relier deux claviers à un ordinateur et de les faire fonctionner à l’intérieur d’une unique console. De plus, un nouvel outil de configuration du noyau devrait faire son apparition afin “dapporter plus de cohérence entre les différentes options de compilation des noyaux Linux “, précise Stelian Pop.

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Antonin Billet