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Les premiers SAN sur IP concernent les serveurs bureautiques

Les utilisateurs commencent à mutualiser sur le même système de stockage les données provenant d’applications stratégiques avec celles issues de serveurs bureautiques.

SAN n’est plus synonyme de Fibre Channel. Depuis plusieurs mois, les réseaux de stockage sous IP deviennent une réalité chez certains utilisateurs. Plusieurs protocoles sont utilisés pour encapsuler les instructions SCSI dans des trames IP. Le plus connu, iSCSI, est promu par deux mastodontes, IBM et Cisco. Mais il en existe d’autres, généralement proposés par des start up. Les premières expérimentations de SAN sur IP révèlent que celui-ci ne se présente pas comme un concurrent de Fibre Channel (FC). Les entreprises l’ont, en effet, déployé parce qu’il s’appuyait sur les infrastructures préexistantes, à savoir un réseau Gigabit Ethernet.

Le SAN FC trop coûteux à déployer

L’université de Tuebingen, en Allemagne, stocke aujourd’hui 1,6 To de données (essentiellement issues d’applications scientifiques) sur une baie Totalstorage 200i d’IBM, au sein de laquelle un serveur xSeries effectue la conversion iSCSI-SCSI. Deux principales raisons ont motivé cette mutualisation du stockage. “Chaque département disposait de son stockage propre, directement rattaché au serveur. D’où des difficultés d’évolutivité. Ensuite, nous connaissions de gros problèmes de fiabilité avec les bandes utilisées pour la sauvegarde”, se rappelle Werner Dilling, directeur informatique. Cette mutualisation du stockage ne pouvait être effectuée par un SAN FC : l’université étant disséminée dans toute la ville, son déploiement aurait été trop onéreux. Trop chère également, la baie ESS haut de gamme proposée par IBM. Restait l’option serveurs de fichiers (NAS). “Mais nous utilisons peu d’applications requérant un partage de fichiers.” Quant aux performances, elles étaient équivalentes : environ 30 Mo/s ?” en iSCSI comme en NAS ?” sur un réseau Gigabit Ethernet. Les débits pourraient être encore meilleurs avec des cartes accélératrices iSCSI. Werner Dilling se montre pourtant réticent : “Nous risquerions de rencontrer des problèmes d’interopérabilité.” Même si IBM s’engage à faire évoluer le firmware de ses systèmes en fonction des modifications du protocole iSCSI, toujours pas normalisé.De son côté, Finama avait déjà installé un SAN et un réseau Gigabit Ethernet avant de décider de mutualiser le stockage de ses quelque vingt serveurs rackables. Déjà équipés de cartes Gigabit Ethernet, ces derniers ne disposaient plus de place pour accueillir les attachements FC. Aujourd’hui, six d’entre eux sont donc connectés à deux passerelles Cisco, qui effectuent la conversion iSCSI-FC. “Le débit entre les serveurs et la passerelle ?” d’environ 40 Mo/s ?” est, certes, en deçà du maximum de 80 Mo/s permis en attachement direct. Mais, d’un autre côté, les applications concernées ne requièrent jamais une bande passante supérieure à 30 Mo/s”, précise Alain Boggero, responsable des technologies informatiques. Pas question, en tout cas, d’installer des cartes iSCSI. “Les cartes Gigabit Ethernet n’embarquent pas de processeur dédié pour la gestion des couches IP. Nous avons donc rajouté dans chaque serveur un second processeur. Lequel consacre 70 % de son activité à cette tâche et à peine 10 % supplémentaires à la gestion du protocole iSCSI. C’est plus économique.”

Répliquer les données entre deux sites distants

Finama aura finalement très peu investi pour déployer cette architecture : ni commutateur ni cartes supplémentaires, aucun arrêt de serveur et une réutilisation des disques internes aux serveurs dans la baie. Juste 18 000 euros dépensés pour les deux passerelles. Architecture similaire chez Wolters Kluwer France : une vingtaine de serveurs en FC et quatre autres en Gigabit Ethernet attaquent ensemble la plate-forme de virtualisation d’origine Falconstor, intégrée dans les baies MTI, qui propose son propre protocole pour encapsuler des trames SCSI. “Utiliser du FC pour nos serveurs bureautiques reviendrait à manier le marteau pour tuer la fourmi. D’autant que les performances en IP sont très satisfaisantes, puisque nous atteignons du 60 Mo/s”, résume Luc Vannier, responsable informatique. Cette mutualisation du stockage a initialement été mise en ?”uvre pour répliquer via IP, entre deux sites distants de 14 kilomètres, les données de toutes les applications. Le SAN sur IP est donc mis en place lorsqu’une infrastructure FC ne peut être déployée. En ce sens, il ne le concurrence pas vraiment.

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Vincent Berdot