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Les premiers équipements IPv6 sont disponibles

Les routeurs gérant la nouvelle version du protocole IP vont se multiplier dans les prochains mois. Lancé par une start-up française, 6WIND, le mouvement touche en fait tous les grands constructeurs.

En France, IPv6 devra sans doute beaucoup à l’aéronautique militaire. C’est en effet dans les laboratoires de Dassault qu’un petit groupe d’ingénieurs a mis au point le coeur logiciel du routeur 6200

, dont la disponibilité commerciale a été annoncée la semaine dernière à Paris par 6WIND, une start-up basée dans les Yvelines.En chantier depuis dix ans, la nouvelle version IP et son système d’adressage hiérarchique sont destinés à remplacer un adressage IPv4 dont le handicap essentiel est d’être limité à 200 millions de connexions simultanées.” Au départ, il s’agissait de trouver un protocole de réseau standardisé pour les systèmes embarqués et temps réel des avions de combat, se souvient Patrick Cocquet, PDG de 6WIND. Les recherches ont commencé il y a six ans, d’abord sous l’égide de Dassault, puis de Thomson Detexis, aujourd’hui de Thales, qui a racheté notre division logicielle avant d’en autoriser la transformation en une société indépendante l’été dernier. “

La France au coeur du projet

Depuis les premiers travaux de l’Inria sur IPv6, il y a plus de dix ans, l’Hexagone abrite le c?”ur de la prochaine évolution majeure d’Internet. Jusqu’à Cisco, dont le laboratoire de recherche sur IPv6 se situe près de Paris. Pour Eric Carmès, directeur technique de 6WIND, l’avènement de IPv6 est non seulement inéluctable, mais doit intervenir rapidement si l’on veut tenir les promesses de l’Internet multimédia.” Le Web que nous connaissons a contribué à cloisonner Internet dans un modèle client-serveur, s’anime Eric Carmès. Mais les nouvelles applications en temps réel ou le multimédia bouleverseront ce schéma, car elles exigeront de revenir à un adressage global et de bout en bout. “Au-delà de l’adressage, IPv6 intègre aussi en standard tous les protocoles qui régissent l’Internet d’aujourd’hui.

“Qu’il s’agisse de la qualité de service, du chiffrement IPSec ou du protocole d’échange de clés publiques, l’IKE, la plupart ont été développés dans la perspective de IPv6 puis adaptés à IPv4.” IPv6 a certes l’élégance du tout-en-un, mais est-ce bien utile ?
Pour Olivier Seznec, directeur technique de Cisco France, “la force d’IPv4, c’est justement qu’il a su se consolider de bric et de broc. Ce n’est pas toujours idéal et pas souvent très élégant, mais cela fonctionne “.Et de regarder vers les futurs réseaux de téléphonie mobile à haut débit (UMTS).

“L’espoir de IPv6 est là, parce que l’on ne pourra jamais attribuer à tous ces nouveaux terminaux d’accès les adresses IP dont ils auront besoin “, poursuit Olivier Seznec.“Même si l’on pouvait, il faudrait encore se débrouiller avec des problèmes comme la mobilité, surenchérit Eric Carmès. Avec IPv4, il faut recommencer à chaque envoi de paquet le processus de redirection, à partir du routeur où vous êtes habituellement domicilié vers celui qui vous héberge temporairement. C’est une source de congestion. Dans IPv6, on ne fait cette manipulation qu’une seule fois.”

IPv6 manque d’applications

Si IPv6 suscite l’enthousiasme dans la zone Asie-Pacifique (lire encadré) et chez les partisans des réseaux de téléphonie haut débit, le monde de l’entreprise reste placide.

“Où sont les applications ? “, déplore Patrick Cocquet, également président de l’IPv6 Forum, groupe de pression pour la promotion de IPv6 et qui vient de conclure un partenariat avec l’UMTS Forum pour des actions communes.De Sun à Microsoft en passant par Apple, IPv6 est dans les cartons. Microsoft offrira d’ailleurs avec Windows XP une série d’outils de développement destinés à faciliter le portage des applications IPv4 vers IPv6.

“Il ne faut pas sous-estimer le coût de la migration en volume vers IPv6 “, observe Patrick Grossetête, responsable du projet IPv6 chez Cisco.Même s’il ne prévoit que pour 2003 ou 2004 l’adoption de IPv6 dans l’entreprise, le numéro un du routage estime que le moment est venu pour lui d’entrer officiellement dans la partie avec, pour la mi-mai, une nouvelle version de son logiciel de routage IOS 12.2 (1) T qui gérera IPv6.

“C’est le début “, commente Phil Smith, directeur du projet aéronautique IPSky chez Eurocontrol.

“Mais le chantier est suffisamment important pour commencer à s’y préparer dès maintenant “, conclut-il.

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Paul Philipon-Dollet