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Les premières leçons à tirer du dégroupage allemand

Annegret Groebel, membre de la RegTP, autorité de régulation allemande, détaille les difficultés rencontrées dans le domaine du dégroupage outre-Rhin. Cette situation laisse à penser que, en France, le plus dur reste à venir.

01 Réseaux : Quels sont les acteurs du dégroupage en Allemagne ? Annegret Groebel : Il s’agit surtout de petits opérateurs, comme NetCologne, qui n’offrent leurs services que dans une ville et ses alentours. La plupart d’entre eux s’adressent directement aux utilisateurs. Maintenant que l’ADSL devient de plus en plus intéressant, ils semblent montrer beaucoup de volonté à dégrouper pour revendre de la capacité aux fournisseurs de services Internet. Il faut savoir qu’en Allemagne les ISP n’ont pas le droit d’accès au dégroupage réservé uniquement aux opérateurs.01 R : Quels sont les prix pratiqués par Deutsche Telekom ? A. G. : La location de la ligne de cuivre (2 paires) revient à environ 85 F par mois (25 DM). L’installation dans les locaux coûte près de 640 F (192 DM) par ligne. Dix-neuf types d’accès, aux prix variables, sont offerts par Deutsche Telekom.01 R : Combien de lignes ont été concernées depuis le lancement du dégroupage en 1998 A. G. : Plus de deux cent mille lignes sont dégroupées. Certes, ce n’est pas beaucoup mais cela s’explique par le fait que les opérateurs n’ont pas d’obligation de déployer un réseau national dès le début de leur activité. Certains ont donc développé le leur dans une ou deux grandes villes. Et c’est dans ces métropoles qu’ils ont commencé à proposer leurs offres dégroupées. De plus, l’accès direct est beaucoup plus gourmand en investissements que celui de l’indirect, et ce marché va se développer plus lentement que celui de la longue distance. 01 R : Les opérateurs rencontrent-ils des problèmes avec Deutsche Telekom ? A. G. : Oui, ils sont retardés par Deutsche Telekom, qui ne montre pas beaucoup de bonne volonté dans ce domaine. La Chambre 3 (service responsable des affaires d’abus de position dominante), saisie par les opérateurs alternatifs, a décidé, en juin dernier, qu’il s’agissait d’un abus de pouvoir de la part de DTAG (Deutsche Telekom AG). Elle a considérablement raccourci les délais d’installation prévus dans le contrat. Il subsiste également des difficultés de mise à disposition de locaux aux opérateurs alternatifs.01 R : De tels cas de figure risquent-ils, à votre avis, de se reproduire en France ? A. G. : Oui, je crois que la situation est très proche d’un pays à l’autre, car les opérateurs historiques adoptent des stratégies assez similaires. Ils tentent de freiner, voire de bloquer, le processus. Ils disent ne pas être prêts à la date fixée, ou bien ne délivrent pas l’espace de colocalisation ou les lignes, tout en prétendant qu’il existe des difficultés techniques. En réalité, ce n’est presque jamais le cas. Je suis convaincue que les retards ne sont pas dus à des problèmes techniques, mais à un grand manque de volonté.

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Jérôme Desvouges