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Les pouvoirs publics sont-ils prêts à sauver l’UMTS ?

Après les reports d’ouverture des réseaux 3G, la question du rôle des institutions se pose à nouveau.

Second coup de froid sur l’UMTS. Pile à la période prévue à l’origine par les deux opérateurs français, Orange (France Telecom) et SFR (Cegetel), pour ouvrir leur réseau français, c’est-à-dire à l’été 2002, les retards et les annulations se succèdent. En juillet, Telefonica (Espagne) et Sonera (Finlande) ont annoncé qu’ils tiraient un trait sur les quelque huit milliards d’euros investis pour acquérir une licence en Allemagne. Puis c’est Orange qui annonçait un report en Suède, de trois ans. Vodafone négociait, quant à lui, avec le gouvernement irlandais un délai pour le paiement de ses licences. Et au Portugal, Telecom Portugal proposait un report sur le lancement commercial d’encore quelques mois.

Seuls deux réseaux ouverts

“Aujourd’hui, le constat est simple, explique un analyste. Les opérateurs télécoms ont compris que la troisième génération de téléphonie mobile ne leur apporterait rien pour l’amélioration de leurs rendements financiers. Ils ne sont intéressés que par les capacités réseau de l’UMTS. Leurs réseaux actuels vont être saturés dans les années à venir. Vous ne verrez aucun réseau UMTS ouvrir, si ce n’est pour prendre en charge les surcapacités des réseaux GSM.” Si bien qu’en Europe, seuls deux réseaux sont actuellement ouverts : ceux de Monaco et de l’Ile de Man en Grande-Bretagne. Il s’agit au mieux de démonstrations technologiques.Pour Guy Lafarge, directeur marketing d’Orange, il n’y a pourtant pas urgence : “Nous ouvrirons en France à la fin 2003, comme prévu. Et en ce qui concerne la Suède, il nous était impossible matériellement de tenir les échéances car les équipements dont nous avions besoin n’étaient pas prêts et nous ne voulions pas ouvrir un réseau qui ne satisfasse pas nos consommateurs.” Certes. Mais ce point de vue n’est pas partagé par tous. Y compris par Jean-Hervé Lorenzi, membre du Conseil d’analyse économique rattaché à Matignon.“Les opérateurs savent qu’ils peuvent repousser, que ça n’a aucune espèce d’importance pour eux. Mais au niveau macro-économique, c’est dangereux, voire même dramatique. Alors qu’on pensait qu’un relais de croissance dans la téléphonie mobile interviendrait dès 2002-2003, il sera retardé au moins jusqu’en 2005.”Et l’économiste de demander l’intervention rapide de la puissance publique, et notamment de la Comission européenne. “Tout vient de l’Europe, elle doit réparer ses dégâts et lancer des plans d’investissement de plusieurs milliards d’euros en faveur de la recherche et du développement de services de troisième génération. Une conférence des principaux décideurs publics et privés en Europe doit être initiée au plus vite.”

Le partage à l’index

Et Bruxelles commence déjà à se saisir du problème. Selon le Financial Times, la Commission devrait donner son accord à un partage de réseaux en Grande-Bretagne entre Mmo2 (ex-branche mobile de British Telecom) et Deutsche Telekom. Ainsi Mmo2 indiquait pouvoir économiser près de 2 milliards d’euros grâce à cette mutualisation des équipements. “Ce n’est pas le bon moyen, indique un analyste financier. En accordant ces partages de réseaux, la Commission ne fait que précipiter les équipementiers vers le bas. C’est tout le contraire de ce qu’il faut faire en réalité.” En Suède, Orange partage d’ailleurs son réseau avec deux autres opérateurs, ce qui n’a pas empêché un report. Reste à savoir maintenant quelles formes pourrait prendre une – très – hypothétique intervention publique…

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Alain Steinmann