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Les Pompiers de Paris brûlent de communiquer en numérique

Les services d’urgence s’impatientent. Ils ne disposent toujours pas des moyens de transmission de données indispensables à leurs missions. L’imagination supplée donc au retard technique, en attendant la décision des instances de tutelle.

Depuis quelques mois, la saisie des données médicales effectuée sur les lieux d’intervention des ambulances de réanimation de la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP) ne s’effectue plus à la main, mais sur un micro-ordinateur embarqué à bord des véhicules. En revanche, la transmission de la “feuille d’observation” qui résulte de ce premier diagnostic doit attendre le retour du fourgon à l’hôpital ou à la caserne, le système de radiocommunication de la BSPP ne supportant pas encore l’émission-réception des données numériques.

Des risques de saturation

Très classiquement, c’est une imprimante embarquée Canon EJC85 qui permet l’édition d’une sortie papier à l’arrivée aux services d’urgence de l’Assistance publique. Mais c’est une liaison Wi-Fi (802.11b) qui transfère le fichier XML généré par l’ordinateur Husky Fex21 vers le système informatique central de la BSPP. L’application, baptisée Réanime (réseau d’accès numérique aux informatiques médicales et extrahospitalière), a été développée par les services informatiques du corps de secours sur Windows CE, et incorpore aussi un Pocket Vidal, des fiches procédurales et un carnet de secouriste régulièrement synchronisé et mis à jour par le biais du lien Wi-Fi. Des tests ont été effectués pour évaluer les performances du GPRS en transmission de données, mais ces réseaux présentent des trous de couverture, et risquent la saturation dans la zone d’une intervention majeure, souligne-t-on.Les Pompiers de Paris, comme leurs homologues de province et tous les autres services de secours, en viennent à jalouser gendarmes et policiers, qui, eux, disposent de réseaux numériques opérationnels ou en cours de déploiement.Des spécialistes des télécommunications des services de secours, réunis à Paris début juillet, ont fait le tour des besoins et des solutions proposées par l’industrie. Ils ont pu entendre, également, comment certains pays voisins ont su imposer la mutualisation des infrastructures pour des raisons à la fois de délais d’implantation et d’économie budgétaire.

Une démarche mutualiste

L’exemple le plus probant vient de Suisse, où l’État confédéral a surmonté les nationalismes cantonaux, et imposé un réseau unique pour les polices, douanes, sapeurs-pompiers et toutes les catégories de services de secours. Remplaçant soixante-quinze systèmes indépendants préexistants, Polycom est un réseau numérique à ressources partagées de technologie Tetrapol, qui fédère des groupes d’utilisateurs indépendants gardant la possibilité de communiquer entre eux. Construit et financé (350 millions d’euros) depuis 1999 par Swisscom Mobile, qui perçoit des redevances d’usage, il comptera au terme de son déploiement (vers 2007) quelque cinq cents stations de bases desservant jusqu’à quatre-vingt mille terminaux.Cette démarche mutualiste est aussi envisagée en Espagne pour Sirdee, le réseau Tetrapol commun de la police et de la garde civile, qui pourrait accueillir l’ensemble des services de sécurité. Un modèle qui devrait inspirer les auteurs du texte législatif sur la modernisation de la sécurité civile, annoncé pour l’automne.

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Philippe Pélaprat