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Les places de marché du BTP se bâtissent lentement

Les achats par enchères ont du mal à percer dans la construction. Les outils collaboratifs ont plus de succès.

Entre deux sessions de Batimat, le salon biennal du bâtiment qui ouvre ses portes le 5 novembre, le paysage internet a bien changé. Une dizaine de places de marché avaient cru pouvoir bouleverser les échanges entre les acteurs de la construction. Aujourd’hui, celles qui subsistent, adoptent un profil bas. Elles ne sont d’ailleurs plus que trois principales, plus quelques-unes dans des niches, comme le bois ou l’acier.Les raisons de cet échec sont multiples : un marché très fragmenté, la difficulté technologique de présenter en ligne des catalogues avec un grand nombre de références et, surtout, le peu d’intérêt des acheteurs. “Le monde du bâtiment a des pratiques et des habitudes où le contact humain est important, estime Bertrand Delcambre, directeur du Centre scientifique et technique du bâtiment. Les questions de prix sont difficiles à aborder de manière automatisée. Ce n’est pas par le biais des places de marché que le commerce électronique va démarrer dans ce secteur.”

Un développement rapide de la diffusion d’informations

Un avis qui n’est pas partagé par tous : “Les enchères fonctionnent bien, même si c’est plutôt du côté des donneurs d’ordre”, tempère Jean-Yves le Texier, directeur général de la place de marché Bravobuild. Il admet toutefois que le marché est très étroit et que les enchères y sont, le plus souvent, expérimentales.Mais pendant que les achats en ligne piétinent, certains services, comme la diffusion ou le partage d’informations, se développent rapidement. “Le bâtiment est un monde dans lequel foisonne l’information, explique Bertrand Delcambre. Les professionnels ont besoin de s’y retrouver.” Du coup, les bases de données de produits se multiplient, qu’elles soient de l’initiative des industriels ou de tiers indépendants. A cela, vient s’ajouter un fort besoin de communiquer. Avec, pour corollaire, le fort succès des outils de gestion collaborative de projets. “Les professionnels ont besoin d’un système pour archiver les pièces écrites, plans et notes de calcul qui sont utilisés sur les projets”, ajoute Bertrand Delcambre.Pour les plus gros chantiers, ce sont souvent des produits dérivés des armoires à plans, nées dans les années 1990, comme Projecteo de Coteba, Pro/G de Prosys et SGTi de Derbi OTH. Aujourd’hui, elles sont concurrencées par des outils mieux adaptés aux chantiers de plus petite taille. “Les survivants seront ceux qui ont compris les spécificités du secteur, prévient Bertrand Delcambre. Ceux qui offrent une approche hybride entre innovation technologique et pratique. Le service ne doit pas déboussoler l’utilisateur.”Parallèlement, les grands industriels commencent à développer leurs propres portails de services. C’est le cas de Lafarge avec sa Place des métiers ou de Saint Gobain avec Build2Pro. Ce dernier pratique déjà le commerce électronique via des filiales comme Qualitool, Lapeyre et, prochainement, Point P et Cédéo. Faute d’acheteurs, ce n’est encore qu’à petites doses… pour l’instant.

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Corinne Montculier et Hubert d'Erceville