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Les opérateurs télécoms se hâtent lentement

Qui dit métropolitain dit services d’interconnexion de réseaux locaux. Une offre existe chez France Télécom. Mais l’Ethernet métropolitain reste l’apanage de quelques opérateurs de niche.

Protégé par le bouclier monopolistique, France Télécom a abordé le marché métropolitain à travers sa gamme de services Transrel. Dédiés à l’interconnexion de réseaux locaux, ceux-ci affichent un “prêt-à-interconnecter” plus onéreux que le “sur-mesure” autorisé par le biais des réseaux filaires indépendants. Ce concept recouvre, selon la terminologie de l’ART (Autorité de régulation des télécommunications), la notion d’infrastructure privée réservée à l’usage d’une entreprise et traversant la voie publique. Par cette ouverture réglementaire, la fibre optique a franchi les murs des entreprises sous l’impulsion de pionniers soucieux de se libérer de la médiation d’un opérateur.En réaction, FT a d’abord tenté de promouvoir une variante métropolitaine à son service Transfix, en proposant des remises attractives par rapport au tarif Transfix d’origine.Mais l’opérateur historique ne pouvait se contenter de cette seule option. Il a, dès 1997, enrichi son catalogue d’un service multisite hauts débits (SMHD) fournissant des accès allant jusqu’à 622 Mbit/s. Cette offre MAN, qui repose sur des anneaux SDH, a ensuite été complétée par le service MultiLAN HD, articulé autour d’un réseau dorsal ATM. Ce dernier emprunte des interfaces d’accès PDH-SDH, bien que le client soit facturé sur des classes de débits propres au LAN, comme le 100 Mbit/s. Cette dernière offre se distingue d’un deuxième service d’interconnexion de réseaux, désigné Inter LAN HD, par sa disposition à supporter des flux multiservices au-delà du périmètre MAN, et même jusqu’à l’international via le réseau Global ATM.Par contre, Inter LAN HD se cantonne à l’interconnexion de réseaux locaux au sein d’une même agglomération. Toutes ces offres ont séduit des utilisateurs plutôt enclins à externaliser, ou encore bloqués dans leur élan d’émancipation vis-à-vis de FT.

Des utilisateurs fidèles à FT, malgré de lourdes redevances

Ces derniers restent fidèles à l’opérateur historique, quitte à payer de lourdes redevances, pour seulement une fraction des ressources acquises par les détenteurs de réseaux indépendants filaires.Après s’être félicités de la brèche réglementaire des réseaux indépendants dans le rempart de FT, les opérateurs entrants manifestent leurs craintes face à l’accroissement du nombre de ces réseaux optiques privés, notamment sous l’impulsion des collectivités locales. Ils considèrent que ces réseaux se réfèrent à un régime d’exception mis en ?”uvre avant l’ouverture du marché et qui n’a plus de raison d’être. Les plus tolérants militent pour que l’option des réseaux filaires indépendants se restreigne à un usage interne, afin de ne pas empiéter sur les activités commerciales dévolues aux opérateurs. Tous craignent que la constitution de réseaux indépendants parapublics n’aboutisse à la constitution de quasi-monopoles locaux. Après avoir, lui aussi, ouvert un tir de barrage juridique contre les collectivités locales, FT a concocté un service MAN spécifique à l’intention de cette cible. Cette offre, Intra-Cité, permet à toute collectivité locale de plus de trente mille habitants de relier en étoile son site central à au moins quatre sites d’extrémité situés dans un rayon maximal de 3 km à vol d’oiseau, à un débit de 2 à 100 Mbit/s.

Certains opérateurs investissent le MAN

Toutefois, l’intervention détournée des collectivités dans le champ concurrentiel des MAN n’entrave pas l’entrée de nouveaux venus sur ce segment. L’opérateur NETs, filiale du groupe Tiscali, a ainsi ouvert, en juin dernier, un service métropolitain sur Paris, avec une offre de connexion SDH-DWDM et Gigabit Ethernet. NETs s’aligne sur la stratégie de pionniers comme Completel, qui ont donné l’exemple en installant en province les premières boucles locales optiques métropolitaines basées sur Ethernet.Ces offres de service MAN contrarient les opérateurs généralistes tels que Cegetel, qui s’entête à offrir des accès optiques SDH bridés à 155 Mbit/s. Cependant, l’acquisition récente, par sa filiale Télécom Developpement, de commutateurs Optera Metro 5100/5200 auprès de Nortel Networks présage d’une diversification vers les services métropolitains de plus hauts débits d’ici à la fin de l’année. Cette entrée dans la grande braderie optique se fait dans un contexte concurrentiel ambigu, mis en exergue par Cegetel à travers l’ingérence des collectivités locales et de l’organisme Renater, dont la mission publique souffre de dérives mercantiles depuis l’origine.

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Hafid Mahmoudi