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‘ Les opérateurs mobiles historiques bloquent la concurrence en France ‘

Leonidas Kalogeropoulos, délégué général d’Alternative Mobile, qui défend les opérateurs virtuels, dénonce un marché verrouillé.

01net.: Quels sont selon vous les principaux obstacles au développement du marché des MVNO (opérateurs virtuels de téléphonie mobile) en France ?


Leonidas Kalogeropoulos : Ces freins à la croissance et à la libre concurrence sont d’ordre tarifaire, contractuel et technique.


Tout d’abord, pour que la concurrence joue à plein et que les MVNO puissent faire baisser les prix, encore faudrait-il que les prix de gros pratiqués par les opérateurs hôtes pour les MVNO soient inférieurs au prix de détail qu’ils
pratiquent pour leurs propres abonnés, ce qui est loin d’être établi. Dans ce domaine, la confusion règne. Il existe plus de 500 offres différentes sur le marché, ce qui rend toute analyse poussée de la tarification quasi impossible.Vous évoquez également des freins contractuels.


Oui. Il faut savoir que dans certains cas les contrats signés par des MVNO avec des opérateurs hôtes portent sur une durée de neuf ans, ce qui limite fortement la marge de man?”uvre. Mais je pense également à un lien d’exclusivité
entre le MVNO et l’opérateur hôte.


Par exemple, pour l’achat de minutes en gros, un MVNO ne peut pas faire jouer la concurrence entre opérateurs et est obligé de se fournir auprès de celui qui l’accueille sur son réseau. Même chose pour ce qui concerne ce que nous
appelons les ‘ clauses de préemption ‘.


Si un MVNO se trouve en difficulté, sa base de données ne pourra être cédée en priorité qu’à son opérateur hôte. Ce genre de disposition n’est pas de nature à rassurer les investisseurs extérieurs, qui comprennent vite que les
conditions de sortie du capital d’un MVNO en France sont extrêmement bordées et peu à leur avantage.


En pratique, toutes ces conditions font que les MVNO ne peuvent pas fusionner ni se consolider pour peser plus et apporter plus de concurrence sur le marché des télécoms.Vous avez récemment rencontré le nouveau secrétaire d’Etat au Développement de l’économie numérique, Eric Besson. Avez-vous trouvé une oreille attentive ?


Notre premier sentiment est très satisfaisant. On sent une volonté de la part des pouvoirs publics de se saisir de ce dossier. Le Premier ministre a ainsi récemment demandé au Conseil de la concurrence de lui rendre un avis sous
deux mois sur les questions liées à l’organisation du marché des MVNO en France. Nous avons bon espoir qu’à terme certaines clauses contractuelles que nous considérons aujourd’hui comme abusives puissent être dénoncées. Cela permettrait de
libérer la concurrence, pour le plus grand bénéfice du consommateur.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq