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Les opérateurs fragilisés par leur dette

Les agences de notation envisagent d’abaisser encore un peu plus leur appréciation des dettes des grands opérateurs européens.

Le piège de la troisième génération de téléphonie mobile (UMTS) s’est refermé sur les grands opérateurs de télécommunications. Contraints par le système des enchères d’investir des sommes faramineuses pour acquérir les précieuses licences, poussés par leurs obligations de croissance externe pour compenser l’érosion de leurs marchés domestiques, les BT, Deutsche Telekom et autres France Telecom voient depuis quelques mois leur situation financière se dégrader dangereusement.Une situation qui n’a évidemment pas échappé aux deux principales agences de notation, Moody’s et Standard & Poor’s, qui pourraient revoir à la baisse les notations d’opérateurs européens d’ici à la fin de l’année.Ainsi, Moody’s vient de décider de placer les notations long terme A2 et court terme P-1 de BT sous surveillance négative. L’agence estime qu’une dégradation possible de la catégorie des ” triple A ” dans celle des ” triple B ” est motivée par des inquiétudes croissantes quant à la capacité de l’opérateur à réduire de 10 milliards de livres sterling (16 milliards d’euros) sa dette à l’horizon de mars 2002. L’endettement net de BT devrait atteindre 30 milliards de livres (48,2 milliards d’euros) au terme de l’exercice fiscal clos au 31 mars 2001.

Le recours aux cessions est moins sûr

Outre-Rhin, Deutsche Telekom est également dans le collimateur de Moody’s, qui doute de la capacité de l’opérateur à mettre en ?”uvre son programme de cession d’actifs destiné précisément à réduire sa dette.Dans sa dernière étude sur le secteur, la banque d’affaires SG Cowen rappelle que si ” l’un des points cruciaux du programme de réduction de la dette de Deutsche Telekom est l’introduction en Bourse de sa division T-Mobile, la faiblesse actuelle des marchés actions et la performance moyenne de la récente entrée en Bourse d’Orange risquent de remettre en question la réussite de cette introduction “.Les analystes crédit de la Société Générale prévoient, eux, une ” franche détérioration du profil crédit ” de l’opérateur allemand et un ” abaissement de sa notation au niveau ” triple B ” avant la fin de cette année “.Malgré sa très forte exposition en matière d’investissement lié aux licences UMTS, et l’acquisition du britannique Orange l’an dernier, France Telecom (FT) s’en sort plutôt bien grâce à la forte croissance de ses revenus et de son cash flow l’an dernier.Certes, rappelle la Société Générale, l’introduction en Bourse d’Orange a rapporté bien moins que prévu, affectant le plan de désendettement du groupe, mais ” les chiffres de FT ont été suffisamment positifs pour éviter une accélération de la dégradation par les agences”. Fin 2000, l’endettement de l’opérateur français dépassait 60 milliards d’euros contre 14 milliards un an auparavant.Reste une inconnue liée à la conjoncture dans le secteur : les actionnaires pourraient refuser des cessions d’actifs à prix ” bradés “. FT risquerait lui aussi une dégradation de sa notation dans la classe des ” triple B “.

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Gilles Musi